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vierge, parce qu’entortillée à la tige elle se suspend aux épines. Le savonnier, le ricin, des troncs de palmier sagou, diverses graines inconnues aux habitants de ces écueils, des masses de teck de Java et de bois jaune, d’immenses cèdres rouges, blancs, le gommier bleu d’Australie, tous dans un parfait état, et jusqu’à des canots de Java, viennent échouer contre ces récifs. L’on suppose, vu la direction des vents et des courants, que ces épaves sont, pour la plupart, poussées par la mousson du nord-ouest, jusqu’aux côtes de la Nouvelle-Hollande, d’où les vents alizés du sud-est les ramènent. Les graines feraient ainsi de six à huit cents lieues sans perdre leur pouvoir de végétation. Si un petit nombre des plus délicates périt dans la traversée, entre autres le mangoustan, les semences robustes, surtout celles des plantes grimpantes, conservent leur vitalité. Que de végétaux semés çà et là par l’immense Océan ! Presque toutes les plantes que j’ai rapportées de ces îles appartiennent aux espèces riveraines des Indes orientales. Certes, si des oiseaux attendaient les graines sur la plage pour les attirer hors de l’eau et les picorer, et qu’elles trouvassent un sol plus favorable à leur croissance que ces blocs de coraux épars, le plus isolé des atoles fournirait bientôt une flore tout autrement riche.

Îles à coraux. — Récits et piton de l’île de Borabora. — Dessin de E. de Bérard d’après l’atlas de la Coquille.