risé à Salonique en 307. « De ce tombeau, dit l’historien Nicétas, jaillissait une source d’huile sainte. » Au jour même de l’entrée d’Amurat dans la ville, cette source se tarit. Les imans ont respecté le tombeau et le montrent aux étrangers dans un des angles de la mosquée, tolérance dont le mérite est atténué par le bénéfice qu’ils en retirent. L’église est précédée d’une petite cour carrée, ombragée de figuiers. Le narthex a deux entrées. (Le narthex est le vestibule, le pronaon des temples grecs. Cette disposition n’existe pas dans les églises du moyen âge, dont la nef communique directement avec la rue.) C’est dans le narthex que se tenaient les catéchumènes (κατηχουμενοι, qui se font instruire), les énergumènes (ενεργουμενοτ, possédés) et tous ceux qu’on ne jugeait pas dignes d’approcher du sanctuaire. Les portes de l’église leur restaient ouvertes seulement pendant le sermon qui précédait la célébration du service divin : de là vient qu’il y a souvent dans les homélies grecques des discours adressés aux païens pour combattre leurs croyances et les attirer à la foi chrétienne, coutume qui semble s’être conservée dans les sermons de nos prédicateurs, qui parfois s’adressent à leurs ouailles comme à des infidèles. Le narthex est couvert par le γυναίκωνίτης, galerie réservée aux femmes. « Le peuple était assis par ordre, dit saint Grégoire de Nazianze, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, et, pour être plus séparées, elles montaient à une galerie haute, s’il y en avait. » (Il en est toujours ainsi dans les églises du rite grec.)
La basilique de Saint-Démétrius est partagée en trois nefs par deux rangs de colonnes qui soutiennent les galeries latérales. La principale nef est formée par seize colonnes de vert antique, et le sanctuaire par quatre colonnes de granit rouge d’Égypte. Les dalles sont de marbre blanc, les murs marquetés de porphyre, la charpente, apparente, en bois de chêne, sans peinture et sans ornement.
Tout près de la est Ostendji-Effendi, ancienne église de Saint-Georges, connue dans la ville sous le nom de Rotonde à cause de sa forme circulaire. On y conserve un bloc de vert antique sur lequel prêcha saint Paul. Ce monument, garni à l’intérieur de mosaïques, doit être un des plus anciens de la chrétienté. M. Cousinery le fait remonter au temps des dieux Cabires[1]. Cabires ou non, il est possible que ce temple soit païen, mais il est certain que les mosaïques qui l’ornent sont chrétiennes ; mosaïques, du reste, assez médiocres et bien loin de valoir celles de Sainte-Sophie, petite église élevée par Justinien dans le quartier de Souuk-Sou (l’eau froide). Je
- ↑ La forme circulaire n’est pas une preuve d’origine païenne. Sainte Hélène fonda sur le mont des Oliviers, à Jérusalem, l’église de l’Ascension. Ce monument est circulaire. (Voy. Lenoir, Archéologie monumentale de l’histoire de France.)