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l’Afrique et de l’Europe, depuis Hérodote, Posidonius et Strabon, ou même des deux Amériques depuis Colomb et Cortez ! Combien, au contraire, de scènes nouvelles dévoilées seulement d’hier ou qui le seront demain : cimes réputées inaccessibles où le pied humain se pose pour la première fois ; lacs, fleuves, sources dont d’intrépides voyageurs cherchent, assiègent, cernent de toutes parts les mystères ; déserts immenses fertilisés par la conquête ; champs d’incultes richesses qui s’ouvrent à l’espoir des émigrations ; trésors des mines qui groupent les aventuriers en nations ; empires endormis entre leurs murailles depuis les temps les plus reculés de l’histoire et qui s’éveillent enfin à l’approche de la civilisation ! De tous côtés, que de spectacles singuliers, curieux, solennels, émouvants ! Et, sous la surface même des phénomènes extérieurs, que d’observations morales à recueillir encore sur les habitudes, les mœurs, les institutions, les traditions, les arts, les caractères différents des races ! Que d’aventures, de péripéties, de surprises, tour à tour sérieuses ou riantes, et aussi, trop certainement, que de tableaux de misères et de déplorables oppressions à dénoncer à l’indignation et aux sollicitudes du monde chrétien !

Nous regardons, nous écoutons. À toute heure, quelques voyageurs partent des différents points de l’Europe pour les régions lointaines : quel que soit leur itinéraire, notre tâche désormais est de les suivre. Ce ne sera jamais le sol qui manquera sous nos pas : ce ne sera pas non plus le zèle qui nous fera défaut. Le jour où nous avons commencé ce recueil, nous avons bien compris que nous entreprenions la course du « Juif-Errant ». Plus libres seulement de notre destinée que ce type légendaire du voyageur, lorsque la fatigue nous conseillera le repos, nous appellerons vers nous un homme de bonne volonté, nous mettrons notre bâton dans sa main, et, jusqu’à ce que lui-même ait besoin d’un successeur, il continuera le Tour du monde.


Éd. Ch.


30 juin 1860.