tagne de la Table (cap de Bonne-Espérance) ; mais son sommet plantureux est habité et cultivé. D’autres, également hautes, paraissent inaccessibles. Le plateau tout entier est très-élevé puisque le niveau du lac est à 2 000 pieds au moins au-dessus de celui de l’Océan. Cette belle nappe d’eau n’a pas moins de 20 à 30 milles de large (7 à 10 lieues), sur 50 à 60 de long (17 à 20 lieues). Elle a la forme d’une poire dont la pointe serait tournée vers le sud. Les Portugais ignoraient entièrement son existence.
… « Du sommet d’une éminence rapprochée du bord, nous vîmes dans le lointain deux cimes paraissant sortir du sein des eaux : ce sont sans doute des îles. Plus près de nous, il y en avait une assez grande qui est habitée. La rive orientale du Shirwa est occupée par des tribus de Mangenja ; l’occidentale par les Maravis. Toute cette population, ainsi que celle qui habite le long du Shiré, ne s’occupe qu’à filer et à tisser le coton. Au retour, j’achetai des indigènes plusieurs paquets de cette denrée ; ils nous en donnaient gros comme la tête pour un pied de notre calicot, c’est-à-dire pour moins de deux sous. »
Des lettres du Cap nous apprennent, d’un autre côté, qu’un détachement de missionnaires et d’évangélistes est parti des bords de l’Orange pour aller s’établir sur le Zambèse supérieur, à 200 lieues au nord des stations de mission les plus avancées, parmi les Makololos, ces indigènes qui se font gloire de n’avoir pas d’esclaves. Le docteur Moffat, beau-père de David Livingstone, et lui-même glorieux vétéran des explorateurs africains, conduit et dirige la jeune colonie. Il a été remplacé dans sa station de Kuruman par un évangéliste indigène, dont les talents, soit comme prédicateur, soit comme guide spirituel, sont, suivant l’expression de M. Moffat, « d’un ordre supérieur et donnent ainsi un démenti de plus aux préjugés qui ont si longtemps représenté les Africains comme une race inférieure sous le rapport des capacités intellectuelles. »