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mission de la ville. À la mort d’Alexandre, Jérusalem passa successivement deux fois des Lagides aux Séleucides, à qui elle appartint en dernier lieu, jusqu’à ce que leurs persécutions firent naître l’admirable dévouement de la famille Machabée, personnification de l’esprit national. Cette lignée de héros réussit à délivrer le pays et le gouverna avec gloire. Une querelle entre Hyrcan II et Aristobule II, qui se disputaient le trône, amena sous les murs de Jérusalem Pompée et l’armée romaine. À force d’intrigues, Hérode parvint à se faire autoriser par les vainqueur à prendre le titre honorifique de roi.

C’est sous ce règne que se sont passés les événements qui rendent le nom de Jérusalem à jamais immortel, la vie et la mort du Christ, l’apparition d’une nouvelle religion destinée à transformer le monde romain en le moralisant.

Jérusalem fit ensuite partie pour un temps d’une des quatre tétrarchies qui remplacèrent après Hérode l’unité du gouvernement ; mais les révoltes successives des Juifs amenèrent sa prise et sa destruction par Titus, à la suite d’un siége de sept mois, puis par Adrien, qui en chassa à jamais les juifs, et lui donna le nom d’Œlia Capitolina qu’elle devait conserver jusqu’à Constantin, sous le règne duquel elle fut autorisée à reprendre son ancien nom.

On sait à travers quelles vicissitudes Jérusalem est tombée et définitivement restée au pouvoir des infidèles.

Le Saint-Sépulcre. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

Aujourd’hui la ville sainte est le chef-lieu du Liva et la résidence du pacha de Palestine ; elle relève pour le civil de l’eyalet de Syrie, comme pour le militaire de l’ordou d’Arabistan. Sa population, si l’on accepte les recensements des anciens, atteignait des chiffres incroyables ; on ne peut guère l’évaluer, de nos jours, à plus de 18 à 20 000 habitants répartis de la manière suivante :

8000 juifs, 5000 musulmans, 3000 Grecs non unis, 1500 Latins, 1000 Arméniens schismatiques et 100 à 200 Syriens et Cophtes. Je ne mentionne pas les Maronites et les Grecs catholiques qui forment à peine une dizaine de familles.

Chacune de ces sectes à son organisation religieuse : les juifs ont un kakham-bachi et pleurent tous les vendredis sur les anciens murs de l’ancien temple, attendant toujours la venue du Messie (voy. p. 385).

Les musulmans se pavanent dans leur mosquée d’Omar, dont ils sont si jaloux, qu’ils y laissent difficilement entrer un giaour.

Les Grecs ont pour Jérusalem un patriarche spécial qui réside à Constantinople, et sont administrés par l’archevêque de Pétra et par le procureur du patriarche. Ils se consolent du reste de la perte de l’empire byzantin en achetant presque tous les terrains de la Terre-Sainte ; si cela continue, ils pourront la revendiquer un jour en qualité de propriétaires fonciers.