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les oignons, les fèves, le poivre espagnol ; ils ont des troupeaux de moutons. Les femmes, comme chez les Navahoes, confectionnent des couvertures solides ; ce sont elles aussi qui broient le grain entre deux pierres pour le convertir en farine.

Non loin de Zuñi, « nous aperçûmes quelques autels ou lieux de sacrifice, encore en usage. Autour étaient plantés, dans un certain ordre, de petits bâtons ornés de plumes, des planches travaillées et décorées de figures, des jouets en osier tressé, etc. ; d’autres jonchaient le sol ; ce qui annonçait que les visiteurs indiens renouvelaient de temps en temps ces ornements. Nous ne pûmes en apprendre davantage ; mais notre guide s’étant opposé à ce qu’on enlevât certains objets, nous vîmes par là l’importance qu’il attachait à ce sanctuaire. Quand nous partîmes, il tira d’un sachet un peu de farine, la mit dans le creux de sa main, et la souffla vers l’endroit que nous venions de quitter, comme pour purifier l’air souillé par notre présence. »

Cavalier mohave. — Dessin de Lancelot d’après les Reports of explorations.

Le 28, on découvrit, à l’extrémité de la plaine de Zuñi, un lac salé au fond des rochers ; il à la forme d’un entonnoir : son ouverture supérieure a une largeur de 66 mètres ; et à l’endroit où l’eau commence, à 66m,67 plus bas, la largeur n’est plus que de 20 mètres. Quand l’expédition eut passé la Source-de-Navahoe (30 novembre), elle aperçut dans le lointain les montagnes de San-Francisco, volcans éteints (voy. p. 365) dont l’aspect était déjà imposant ; mais il lui fallait encore plus d’une journée de marche pour y parvenir. En route, on fit une découverte assez curieuse.

« Chez les Indiens Zuñis, dit M. Möllhausen, nous avions remarqué que plusieurs d’entre eux portaient aux oreilles des pierres précieuses, et surtout de gros et magnifiques grenats ; nous ne pûmes tirer d’eux d’autre éclaircissement, sinon que ces pierres se rencontraient dans la direction du couchant, et nous étions très-désireux de voir l’endroit qui les produit. Aujourd’hui, notre désir a été satisfait. Une quantité de petites fourmilières couvraient les bas-fonds ; ces éminences n’étaient formées que de petites pierres ; et comme les grosses fourmis s’étaient retirées en terre à cause du froid, il était facile d’enlever des grenats, des rubis ou des émeraudes, sans être inquiété par les insectes. Le soleil d’ailleurs nous favorisait dans cette opération. Les fourmis n’avaient sans doute pas eu la force de soulever de plus grosses pierres, car nous en trouvâmes fort peu excédant la grosseur d’un pois. Nous en recueillîmes une assez grande quantité de petites ; ce qui fait penser que le sol en recèle d’autres de même espèce plus grosses et plus précieuses. Mais la nécessité où nous étions de hâter le pas pour atteindre une source vers le soir, ne nous laissa pas le temps de chercher des trésors ; et il n’était pas prudent de rester en arrière, à cause des Navahoes. »

Guill. Depping.

(La fin à la prochaine livraison.)