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mée dès le premier abord, est que les équipages y avaient déposé quelques objets, enlevés plus tard par les naturels.

« Je dois revenir maintenant au lieutenant Hobson qui, après s’être séparé de moi au cap Victoria le 28 avril, s’était dirigé sur le cap Félix. À une très-petite distance, il trouva des traces non douteuses de l’expédition Franklin : un très large cairn de pierres, et, tout près, une petite tente avec des couvertures, des habits et d’autres effets. Un morceau de papier blanc a été trouvé dans le cairn, ainsi que deux bouteilles cassées qui gisaient au milieu des pierres, mais rien de plus ; bien qu’on fouillât le cairn et la terre qui le portait à plus de dix pieds de distance tout autour, le lieutenant n’y trouva aucun document écrit.

« À environ deux milles plus loin, au sud, étaient deux autres petits cairns qui ne contenaient ni traces ni reliques, à l’exception d’une pioche cassée et d’une boîte à thé encore pleine. »

On lit dans la relation du second voyage exécuté par sir John Ross à la recherche du passage nord-ouest, que son neveu, aujourd’hui sir James Ross, parvint à la Pointe-Victory le 29 mai 1839. Ce fut le terme extrême de ses explorations vers le sud-ouest. « Prêt à m’en éloigner, dit-il, j’élevai sur ce promontoire un amas de pierres de six pieds de hauteur, dans l’intérieur duquel je déposai une courte relation de ce que nous avions fait depuis notre départ d’Angleterre. Telle est la coutume, et je m’y conformai, bien qu’il n’y eût pas la moindre apparence que notre petite histoire tombât sous les yeux d’un Européen… Si cependant une mission de découvertes en conduit un en cet endroit, et qu’il y trouve la preuve de la visite que nous y avons faite, je sais quel prix le voyageur errant dans ces solitudes attache au moindre vestige qui lui rappelle sa patrie et ses amis, et je pourrais presque lui envier ce bonheur imaginaire. »

Dix-neuf ans plus tard, sir James Ross, envoyé à la recherche de Franklin, s’efforçait en vain de parvenir jusqu’à cette même Pointe-Victory, et dix ans encore s’écoulèrent (6 mai 1859) avant que le lieutenant Hobson vint y dresser sa tente, en face du cairn élevé par le premier découvreur.

… « Il s’empressa de faire fouiller ce monument, et parmi les pierres du sommet il trouva une boîte de fer-blanc contenant un court rapport, le rapport même de l’expédition perdue.

« Ce document, écrit sur parchemin, nous apprit que le 28 mai 1847 tout allait bien à bord de l’Érèbe et de la Terror ; que dans le courant de la même année 1845, qui avait vu leur départ d’Angleterre, ces deux navires avaient remonté le chenal de Wellington jusqu’à la latitude de 77°, et qu’ils étaient revenus par l’ouest de l’île Cornwallis prendre leurs quartiers d’hiver à l’île Beechey. Le 12 septembre de l’année suivante (1846), ils étaient bloqués dans les glaces par 69° 05′ de latitude et 98° 23′ de longitude ouest (de Greenwich), à environ 15 milles des rivages nord-ouest de l’île du Roi-Guillaume. Ce fut là le théâtre de leur second hivernage. Le lieutenant Gore et M. des Veaux, avec un parti de six hommes, vinrent déposer à terre ce précieux document, ainsi qu’un autre exactement semblable qui fut trouvé sous un petit cairn, à une journée de marche plus au sud.

« Autour des marges du premier de ces parchemins, on remarque plusieurs observations additionnelles ajoutées onze mois plus tard (25 avril 1848). Les navires n’ayant