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arabe, et qui se présente fort gracieusement du côté de la mer, ses constructions les plus importantes, palais, consulats, etc., s’élevant de ce côté : elle est bâtie sur une grande île basse, boisée, avec quelques villages souchelis bordant le rivage. Nos Européens partirent du petit port de Kaolay, remontèrent la rive gauche du petit fleuve Kingani, et passèrent, sinistre augure ! à Ndeje, où avait péri, en 1843, le brave officier français Maisan, parti comme eux à la recherche de la mer intérieure. Ce n’est pas sans émotion que l’auteur de cette notice a lu à Londres, sur l’esquisse originale de nos voyageurs, l’annotation qui accompagne ce nom Ndeje, où le pauvre Maisan fut assassiné. En quittant la vallée du Kingani, ils montèrent un plateau coupé de nombreux ruisseaux, et, après une marche de plusieurs semaines, ils purent descendre le bassin de la rivière Malagarazi jusqu’à la ville de Kaouele, capitale du pays d’Ujidji dont elle porte quelquefois le nom. Ils avaient trouvé partout un pays parcouru et commercialement exploité par les Arabes zanzibariens sujets du sultan, et l’influence de ce souverain leur ménagea partout un accueil amical de la part de ses sujets. Une embarcation que leur prêta (en les rançonnant audacieusement) un petit chef du pays, leur permit d’explorer le lac, et de se convaincre qu’il était bien distinct de deux petites caspiennes qui l’avoisinaient au nord-est et au sud-est. Ainsi Brun-Rollet avait entrevu la vérité. Il y a mieux : l’immense forêt que les voyageurs anglais figurent, sans la nommer, au sud-est du lac d’Ujidji, existe dans la carte du voyageur sarde sous le nom de Mileilimi, et avec l’indication de sept journées de marche.

Une rue de la ville de Zanzibar, dans l’île de ce nom (côte orientale de l’Afrique). — Dessin d’après nature, par M. de Bérard.

M. Speke visita en détail un petit archipel situé presque en face de Kabogo, et composé de trois îles, Kabiza, Kasenge, Kivira, formant un royaume microscopique dont le souverain reçut la visite de notre voyageur. La première des trois est l’île marchande, et a un marché au poisson très-fréquenté : la population se livre surtout à la pêche, mais l’agriculture semble dominer dans la partie nord. Kasenge est la plus grande, et la résidence du roi : un étroit canal la sépare seul de la terre ferme. L’horizon est fermé à l’ouest par un rideau de collines.

La fameuse île Kavogo, dont parle la relation d’Erhardt (1856), où réside l’Esprit du lac auquel on fait des sacrifices, est évidemment une de ces trois îles, qui sont, nous l’avons dit, en face de Kabogo. Speke vérifia par lui-même l’exactitude de ce que disaient les indigènes à Erhardt sur les tempêtes du lac, car, à la hauteur du petit pont Mgiti, il en essuya une qui le força à se réfugier dans cette rade. Il trouva du reste partout un pays d’une fertilité exubérante, de belles forêts, des cultures et une richesse prodigieuse du règne animal.

Cela fait, MM. Burton et Speke retournèrent sur leurs