tares, grands, bruns, précipités à la baïonnette du haut des remparts, ou tombés en fuyant. Leurs armes gisent à terre autour d’eux. Ils ont des plaies affreuses, le crâne ouvert ; l’un est à moitié brûlé par un obus. Nous nous dispersons dans les diverses pagodes pour y passer la nuit ; les uns couchent sur des tables, les autres par terre, enveloppés d’une couverture, tous entourés d’une auréole de moustiques qui prohibe le sommeil. J’admire le silence de la nuit sur cette ville terrifiée, mais non soumise, et, dans son orgueil, n’avouant point encore sa défaite. On entend seulement, de temps à autre, le hurlement lointain des chiens tartares, le pétillement d’un incendie qui se rallume, ou bien le cri des sentinelles et la fusillade des postes avancés sur quelques Chinois maraudeurs. L’aspect du camp est des plus pittoresques, et tel qu’une guerre asiatique seule peut en fournir le spectacle. Ce ne sont partout que lances, flèches, bannières rouges ou jaunes. La garde-robe des mandarins a été largement mise à contribution par nos marins. Les autels sont convertis en alcôves, et les pelisses des dames chinoises en robes de chambre. De tous côtés on voit une foule de bouddhas dorés mis à la porte de chez eux : ils servent d’oreiller à l’un, de lampadaire à l’autre. Beaucoup ont le ventre ouvert, ainsi que leurs chevaux, les soldats anglais se rappelant que, lors de la première guerre, plusieurs trésor sont été trouvés de cette manière. Tout le monde mange dans de la porcelaine chinoise ; mais comme en Chine, il n’y a presque uniquement que des tasses et des soucoupes, la soupe, le bœuf, le fromage, tout cela se prend dans des tasses. On consomme les provisions des mandarins, le dos appuyé contre un dragon à l’air redoutable, ou bien assis sur quelque belle maxime chinoise. Le comique partout se mêle au grotesque.
Près de la grande pagode à cinq étages, qui date, dit--