Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 20.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES MEMBRES DE L’ESCOUADE DU PÔLE S’INTRODUISANT DANS LEURS SACS DE COUCHAGE.

vigoureux et mon escouade est à la hauteur de sa tâche. Le sous-officier Evans est solide comme un roc et Oates et Wilson sont non moins résistants.

Autour du camp, la neige est plus molle que jamais ; nous sommes, il est vrai, dans une dépression. À chaque pas on enfonce jusqu’aux genoux et le sol s’affaisse sous le poids des traîneaux. Le vent, qui souffle maintenant, améliorera peut-être la piste ; déjà il semble la rendre plus ferme. Toute cette neige molle a été apportée par le dernier blizzard. Or, dans cette région, Shackleton a rencontré de la glace bleue. Quelle différence extraordinaire dans les fortunes des deux expéditions ! À chaque pas, la chance de mon prédécesseur apparaît plus évidente.

Demain les chiens nous suivront encore pendant la première moitié de l’étape ; après quoi ils battront en retraite. Dès lors, la charge de chaque traîneau sera augmentée de 90 kilogrammes ; sur une surface pas trop difficile nous pourrons haler aisément pareil poids. Suivant toute vraisemblance, si la neige ne durcit pas, nous serons obligés de faire avancer chaque véhicule l’un après l’autre, et en nous y attelant tous.

Lundi, 11 décembre. — En coupant le glacier, nous avons traversé une zone accidentée. Chaussés de nos skis, nous avons halé les traîneaux, suivis par les attelages de chiens. J’ai engagé les conducteurs à marcher tout près de leurs véhicules ; car, dans ces parages, nombreuses doivent être les crevasses masquées. De temps à autre, un véhicule enfonce dans de la neige molle et nous entraîne à sa suite. Mais promptement nous apprenons la manœuvre utile en pareil cas. Pour redresser le véhicule, il suffit de le tirer sur le côté.

Juste au moment où j’espérais faire un grand pas, une difficulté se présente. Encore une nouvelle preuve. Autour du camp, la neige est terriblement molle, à chaque pas on enfonce jusqu’aux genoux ; sur un pareil terrain, les hommes ne pourraient haler sans skis et les chiens éprouveraient de très grandes difficultés. Les patins sont indispensables, et dire que, dans leur parti pris à l’égard de ces engins, mes compatriotes ne se sont guère exercés à leur pratique.

Mardi, 12 décembre. — Une rude étape. C’est mon équipe qui a éprouvé le plus de difficultés ; à de fréquentes reprises, nous nous sommes enlizés dans des fondrières de neige, et ne sommes parvenus à déhaler