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L’église Saint-Vincent contient la jolie chapelle des Manville portant aux voûtes les armoiries « de sable au lion d’or sous un château fortifié d’argent », et la chapelle dite des « tondeurs de drap » dédiée à saint Marc. Dans les cryptes reposent de nombreux baillis, consuls ou magistrats, ainsi que des princes ou princesses des Baux. On y a découvert, dans une sépulture, devant l’autel de la Vierge, la fameuse chevelure d’or que Mistral a recueillie au Museon Arlaten. « D’un blond doré et d’une longueur extraordinaire, on la considère comme tout ce qui reste d’une jeune princesse des Baux, merveille de beauté et de grâce, chantée par les troubadours et morte dans la fleur de l’age. »

MONTMAJOUR. L’ABBAYE (page 306).

À côté de Saint-Vincent se trouve l’ancienne chapelle des Pénitents blancs et le « Deimo », citerne creusée dans le rocou l’on versait le vin apporté pour acquitter en nature l’impôt de la dime. La rue des Fours banaux et la rue du Trencat, taillée à vif dans le roc, conduisent à la maison de la Tour de Brau, siège de la corporation des cardeurs et tisserands, transformée en musée ; puis à la chapelle romane Saint-Blaise affectée au vice de l’hôpital édifié par Claude de Manville « chevallier de Saint-Jean de Jérusalem et capitaine du chasteau des Baux, pour y lover les pauvres de Dieu. » À l’extrémité du plateau, un plan dallé sert à recueillir les eaux de pluie qui alimentent la citerne communale, et une statue de Notre-Dame des Neiges occupe la partie la plus avancée de la terrasse, d’où les condamnés à mort étaient jadis précipités dans le vide.

MONTMAJOUR. LE CLOÎTRE ROMAN (page 306).

Le château des Baux, auquel on accède par le chemin haut du Trou de Laure qui longe la curieuse maison de Lère, offre un extraordinaire ensemble de ruines : « Un rempart, ou plutôt un escalier dont chaque degré est une tour presque monolithe, une ligne de rochers découpés en muraille monte jusqu’au bloc de la formidable acropole. Montagne et forteresse, rocher, tours et château sont à peu près d’une seule pièce… Des trous profonds qui furent des salles basses, un vestibule encore en partie couvert de ses voûtes ogivales, des morceaux de tours, d’autres salles encore plus haut, des portes restées à toutes les hauteurs dans la falaise, des escaliers boisés et, dans la masse, de grandes ouvertures irrégulières laissant voir le ciel à travers le rocher. Enfin, au sommet de cette carcasse géante, des blocs moitié roc, moitié tour, et une espèce de grand donjon, ébréché au sommet, taillé aussi en plein roc. »

Il faudrait le crayon d’un Gustave Doré pour reproduire ce féérique décor d’où le regard plane