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LE PONT DU GARD, DANS UN PAYSAGE À LA FOIS DE GRANDEUR ET DE GRÂCE (page 260).

Avec sa ceinture de boulevards plantés, sa place où les platanes forment un dôme épais, le Saint-Rémy moderne a des allures de petite ville ; Glanum Livii, qui fut une très ancienne colonie étrusque, était situé à quelque distance au nord. Le ciel a cette clarté très pâle, ce bleu comme dilué dont la transparence est due au vent violent qui courbe les ramures.

Seuls des monuments de l’antique Glanum restent debout un arc de triomphe et le mausolée des Jules. Ils sont situés à quelques centaines de mètres de Saint-Rémy, sur un terre-plein auquel on accède par un boulevard qui monte tout droit vers les Alpines : le panorama qui se déploie sous nos yeux est magnifique, borné à l’ouest par la Montagnette, s’étendant au nord par delà les cornes de Chateaurenard jusqu’à Avignon, à l’ouest jusqu’à la Durance dont les eaux capricieuses limitent la petite Crau ; derrière nous les Alpines, avec la fière silhouette du Lion d’Arles, barrent l’horizon de leurs crêtes farouches.

L’Arc et le Mausolée sont là côte à cote, immuables depuis pris de vingt siècles. L’Arc, que l’on croit pouvoir dater des premiers temps du règne d’Auguste, est d’une forme élégante et d’une décoration plus riche et plus fine encore que celle de l’arc d’Orange. L’archivolte de son unique arcade est couronnée d’une bande de feuillages et de fruits, comme à Orange des caissons hexagonaux d’une exécution délicate décorent le berceau de l’arc ; des deux côtés du berceau, chaque face principale présente quatre colonnes corinthiennes encadrant deux à deux des trophées et des captifs debout ; les statues qui devaient entourer les pilastres des faces latérales ont disparu. Et l’on ne sait vraiment ce qu’il faut admirer davantage, de la pureté de l’ensemble, du fini de la décoration ou de la ligne noble et fière des captifs.

Le Mausolée, édifié par les Jules à la mémoire de leurs parents, comme l’établit l’inscription que l’on peut lire sur l’architrave du second étage, est, croit-on, un peu postérieur à l’arc et les sculptures en sont moins parfaites. Il « se compose de deux étages quadrangulaires, couronnés par une colonnade circulaire à coupole conique abritant les statues de deux personnages drapés, un homme et une femme ». Des bas-reliefs (combats et chasses) décorent l’étage du bas, quatre baies en plein cintre, entourées de colonnes corinthiennes cannelées, sont percées dans l’étage intermédiaire, les colonnes circulaires, au nombre de douze, sont du même style. Quant aux statues, elles sont parfaitement authentiques, à l’exception des têtes qui ont été restaurées il y a environ un siècle.