que pour les femmes que nous laissons derrière nous. Je vous remercie mille et mille fois de votre aide, de votre concours et de votre générosité. Si mon journal est retrouvé, il vous montrera combien jusqu’à la dernière minute nous avons aidé et secouru nos camarades et combien nous avons lutté jusqu’à la fin. C’est la preuve que le courage et l’endurance restent deux qualités de notre race. Wilson, le meilleur des hommes, s’est sacrifié à plusieurs reprises pour soigner les malades de l’escouade… J’écris à un grand nombre d’amis dans l’espoir que ces lettres leur parviendront l’an prochain, quelque temps après que nos corps auront été retrouvés.
Nous avons failli échapper, et c’est terrible d’avoir manqué cette occasion, mais j’ai compris dernièrement que nous avons dépassé notre but. Nul n’est à blâmer, et j’espère que l’on n’essayera pas de prétendre que nous avons manqué de secours,
Adieu à vous et à votre chère et excellente femme. — Toujours sincèrement vôtre, R. Scott.
Je crains que nous ne soyons à la côte, et serrés de près ; j’écris quelques lettres qui, je l’espère, arriveront un jour à destination. Je désire vous remercier de toute l’amitié que vous m’avez témoignée en ces dernières années, et vous dire mon extrême plaisir d’avoir servi sous vos ordres. Je tiens à vous assurer que je n’étais pas trop vieux pour cette entreprise. C’est le plus jeune qui a succombé le premier… Après tout, nous donnons un bon exemple à nos compatriotes, non point parce que nous sommes dans une mauvaise situation, mais par la manière dont en hommes nous envisageons la fin. Vous aurions pu nous en tirer si nous avions abandonné les malades.
Adieu, et adieu à la chère lady Bridgeman. — Toujours vôtre, R. Scott.
Excusez l’écriture : le thermomètre marque −40°, et cela depuis prés d’un mois.
Nous avons tiré nos dernières cartouches, mais nous avons atteint le Pôle et accompli la plus longue marche qui ait jamais été exécutée. J’espère que ces lettres arriveront quelque jour à leurs destinataires La maladie de plusieurs membres de l’escouade n’a été qu’une des causes secondaires de notre échec ; la princi-