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NOUS SOMMES CAMPÉS DEVANT LES BARAQUEMENTS BAS D’OUDJDA. UN MOIS DE CAMPAGNE SUR LA MOULOUVYA PAR UN CHASSEUR D’AFRIQUE L — Oudida {avril 4941). — Nous attendons avec impatience l’ordre de nous joindre à la colonne Toulée qui doit marcher sur Fez. —

Visite à l’oasis de Sidi Yaya. — Le tombeau de Bou Amama à El-Aïoun-Sidi-Mellouk. — Taourirt. — Merada. — Arrivée au camp. — Bombardement de Guercif. — Le combat du 40 mai.


L RS udjda, 27 avril 1911. — L’ordre tant espéré de boucler nos paque-

| 0 tages et de sauter à cheval nous a surpris agréablement. Il s’agit d’aller débloquer le Sultan assiégé dans Fez. Pauvre Sultan ! il a de l’or tant qu’il en veut, mais ni soldats, ni canons. Il à le trésor sans coffre-fort, le superflu et pas le nécessaire. Maïs nous voici, croisés modernes, étincelants, désintéressés et fiers...

Pour l’instant, nous sommes campés depuis hier devant les baraquements bas, les affreuses bâtisses militaires, couvertes de tuiles, banales à pleurer et alignées comme des cartons dans un magasin bien ordonné : ils sont vides, les cartons. Tout leur contenu de soldats rouges et bleus est déjà en marche vers l’Ouest, vers la Moulouya, vers Fez. Nous autres, qui venons de faire trois jours de voyage, tant par route qu’en chemin de fer, nous nous reposons avant de partir à leur suite.

28 avrit. — J’ai entendu un officier d’état-major dire que nous ne sommes pas destinés à marcher sur Fez, mais à accomplir quelques opérations de police de ce côté de la Moulouya. Serait-ce vrai ?.… De plus, on dit que nous restons ici jusqu’à nouvel ordre.

29 avril. — Rien de nouveau et le temps marche. Nous avons été faire une promenade à Sidi Yaya, oasis voisine. Sous des bouquets de palmiers élevés, un fouillis de bosquets remplis de femmes et d’enfants. Les femmes se baignent dans l’onde merveilleusement transparente de l’oucd qui serpente sous les térébinthes frissonnants. [J’autres femmes, toutes vieilles et ridées, battent du linge multicolore avec un gros bâton. On distingue par la fente de leur tunique flottante des ballottements peu attrayants de peau brune. Leurs cuisses maigres et leurs hanches déformées se moulent dans le bas de cette même tunique, car elles serrent les genoux pour ne pas trop s’éclabousser. Tout cet échafaudage branlant repose sur deux échalas






LÉ TOMBEAU DE BOU AMAMA (page 4}.

TOME XIX, NOUVELLE SÉRIE. — 1° LIv. N° 1. — 4 Janvier 1913.