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l’est pour attendre les événements. Le lendemain matin, nous revenons à l’entrée de notre baie. Quelques heures après, les glaçons commencent à bouger, puis, l’un après l’autre, ils dérivent vers la pleine mer. Bientôt le passage est libre. Une fois entrés dans la baie, nous constatons que partout il sera facile d atterrir.

Il s’agit seulement de choisir le meilleur point de débarquement. Bref, le 14 janvier 1911, c’est-à-dire un jour plus tôt que je ne l’avais prévu, nous avons accompli la première partie de notre programme : nous avons réussi à amener toute notre meute en forme sur le terrain des opérations. Bien plus, en cours de route, elle s’est augmentée. Dix-neuf naissances ont porté son effectif à 116 animaux. Presque tous sont frais et dispos et pourront être employés dans notre grande entreprise, qui commencera d’ici deux mois.

NOUS RENCONTRONS LES PREMIÈRES GLACES FLOTTANTES (JANVIER 1911).

Pour le moment, il s’agit de découvrir un site favorable à l’érection de la station d’hivernage sur la Grande Barrière. Mon intention avait été primitivement de m’installer à une bonne distance de la mer, de telle sorte que, si le glacier venait à « vêler », notre établissement ne fût pas exposé à être transformé en île flottante, et entraîné ensuite à travers l’Océan, au gré des vents et des courants. Afin de nous prémunir contre un accident de ce genre, j’ai l’intention de prendre nos quartiers à 18 kilomètres environ de l’extrémité inférieure de la Grande Barrière. Dès notre entrée dans la baie des Baleines, un simple coup d’œil sur le paysage environnant me démontre que nous n’avons pas besoin d’aller aussi loin. Tout à l’entour du mouillage, le glacier est très accidenté.

Promptement le Fram est ancré à un champ de glace fixe qui s’étend sur une distance de 2 kilomètres en avant du bord du glacier ; non moins prestement sont menés les préparatifs de départ pour la reconnaissance préliminaire qui doit nous indiquer où sera installé notre quartier général, celui d’où nous partirons vers l’Extrême Sud. Depuis longtemps d’ailleurs tout l’équipement a été soigneusement mis au point. Le dîner rapidement avalé ! nous partons à quatre heures du soir. Un moment décisif ! Des résultats de cette première excursion dépend pour une bonne part l’avenir de l’expédition.

LA BANQUISE DANS LA PARTIE NORD DE LA MER DE ROSS.

Un temps délicieux : pas un souffle d’air, un soleil brillant véritablement chaud dans un ciel clair, d’un bleu pâle, rayé de quelques légers duvets blancs. Au milieu de cette douce tiédeur, des centaines de phoques