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LA GARE DE MILIL VALLEY SUR LA ROUTE DU MONT TAMALPAÏS (page 4). — PHOTOG, TURRILL ET MILLER,

IMPRESSIONS DE CALIFORNIE. L’ASCENSION DU TAMALPAIS

PAR M. ÉMILE DESCHAMPS

En jerry-boat. — Golden-Gate. — Le climat californien. — Sausalito. — Mill Valley. — La montée. — Les sequoias, — Les Jaunes, — Les accidents de chemins de fer. — Le « Double Huit ». — La Taverne de Tamalpaïs. — Au « Tip-top ». — La jeune fille et la femme américaines. — Descente en chariot. — Sous les sequoias. — Retour vers le passé.


RES de l’Union Ferry Depot de San Francisco, au bas de Market

Street, s’amasse une foule énorme. C’est dimanche, et, comme dans les gares parisiennes, le jour de repos dominical voit affluer des milliers d’excursionnistes. Il n’est pas facile pour l’étranger de se reconnaître, au milieu du brouhaha, des gens qui s’agitent, se dispersent, se croisent en tous sens, pour aboutir à une multitude de guichets, de passages, d’ouvertures qui ne portent d’ailleurs aucun écriteau, n’indiquent aucune direction : ce qui est, soit dit en passant, un accroc à la réputation de gens pratiques dont jouissent les Américains du Nord. Pour mon propre compte, voyageant en bonne et nombreuse compagnie d’amis, — tous les habitants de mon doarding-house — je n’ai qu’à les suivre pour me trouver mêlé à un véritable torrent qui va s’engouffrer dans un de ces immenses navires qui, sous le nom de ferries, sont capables d’emporter sur l’eau la population d’une ville entière, et qui font le service de la baie et des environs. On entre là comme on entrerait dans une gare, dans une maison quelconque sise en terre ferme ; on s’installe comme en une salle d’attente, dans l’immense hall entouré de sièges, et, au bout d’un instant on est tout étonné de sentir la salle se mouvoir, sa carcasse se dégager des hauts appontements dans lesquels elle se trouvait encastrée ; elle abandonne le quai ; la salle d’attente est tout bonnement un navire. Ici, le voyageur n’a même pas pour se rendre compte de la métamorphose, les ordinaires trépidations du vapeur qui prend son essor ; il ne sent rien, dans ces ferries, et, s’il fermait les yeux, il ne saurait seulement pas, en arrivant à destination, qu’il a changé de place.

J’ai été moi-même le jouet de cette erreur lorsque, arrivant en Californie, je débarquai à San Francisco, en descendant d’un train qui m’avait pris à Seattle. C’était le soir, vers neuf heures ; fatigué de rester depuis de longucs heures assis sur mon sièse, je me levai et, passant de couloir en couloir et de wagon en wagon, j’arrivai à l’extrémité du train. Nous étions immobiles, donc à une gare, pensai-je, ou en panne. Debout sur









L’OBSERVATOIRE DU SOMMET BU T4MALPAÏS. PHOTOG. TIBBITTS.

TOME XVII, NOUVELLE SÉRIE. — Â"° LIV. : N° 1. — 7 Janvier 1911.