Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 13.djvu/6

Cette page n’a pas encore été corrigée

ON FUSILLE SUR PLACE LES BANDITS INCENDIAIRES (page 6).

LA CATASTROPHE DE VALPARAISO

PAR M. HENRI BOURDON

Premières secousses. — Les incendies se répandent ‘dans la ville. —- Scènes de désolation. — Canpement en plein air. — Les pillages et l’exécution sommaire des pillards. — Nous reprenons courage. — Etendue approximative de la catastrophe. — Les communications rétablies entre Valparaiso et Santiago. ‘



A catastrophe de Valparaiso est encore. dans toùütes les mémoires. L On se souvient qu’au mois d’août dernier,-le_grand_entrepôt_.de_ ___ l’hémisphère sud-américain, qui jouait sur le-littoral du Pacifique le même rôle que Rio de Janeiro ou Buenos Aires sur le rivage de l’est, a été bouleversé de fond en comble par des secousses volcaniques.

Les maisons ont jonché le sol ; des incendies gigantesques, qui s’allumaient sur tous les points, ont achevé l’œuvre de destruction : des milliers d’hommes sont morts ; des centaines de millions de francs ont été engloutis.

_ La situation géographique du port de Valparaiso était telle qu’en cent ans, grâce, il est vrai, à ses appels réitérés et opiniâtres aux capitaux et aux émigrants, la ville était passée de 6 000 à 150 000 âmes.

Aucun des ports du Chili, aucun des ports du littoral ouest de

. l’Amérique du Sud ne pouvait rivaliser avec elle. Ni Guayaquil, ni

Valdivia, ni Punta Arenas, ni Concepcion n’atteignaient son chiffre

. d’affaires. Elle se glorifiait de ses centaines de millions d’entrées ou de sorties, de ses lignes de navigation, de ses docks sans rivaux, de ses fabriques et surtout de ses banques. C’était le Marseille ou le

PRÈS DB LA STATION BELLA-VISTA. Hambourg d’un État, dont l’avenir se dessinait nettement et qui, en

activité industrielle, ne le cédait à aucun autre dans l’hémisphère austral. Tête de la grande voie ferrée qui franchit la Cordillère des Andes, et qui doit relier l’Atlantique au Pacifique, Valparaiso était en plein progrès.

Une secousse monstrueuse a plongé dans le néant la gloire et le progrès, a détruit en quelques minutes l’œuvre d’un siècle. | :

Valparaiso avait déjà considérablement souffert de tremblements de terre en 1822, en 1829, en 1851 où 400 maisons avaient été détruites, en 1880 où il y eut 200. morts, enfin, en 1899 où un terrible raz de marée avait envahi le port et une partie de la ville. Rien n’avait encore approché de la dernière catastrophe.

Un frisson d’épouvante a passé sur nos cœurs. Le cataclysme avait beau être loin, il était trop effroyable pour nous laisser indifférents. Et puis Valparaiso a toujours été hospitalière aux Européens !









TOME XIII, NOUVELLE SÉRIE, — Î’e Liv, N° À. — 5 Janvier 1907,