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LORIENT. LES BÂTIMENTS DE L’ARSENAL ET LA TOUR DES SIGNAUX.


LA BRETAGNE DU SUD[1]

PAR M. GUSTAVE GEFFROY.


IV. — Le Pays de Lorient.


Belle-Île-en-Mer. — Mer calme. — Le Palais. — La patronne des marins. — La « coteriade ». — Pêche nocturne. — Le pénitencier. — Souvenirs des prisonniers politiques. — Sauzon. — Kervillaouen. — Le Phare. — Claude Monet. — La côte sauvage. — Les pilotes. — L’évasion de Blanqui. — Houat et Hœdik. — La tempête. — Retour à Quiberon. — Hennebont. — Lorient. — Bisson. — Victor Massé. — Brizeux. — Jules Simon. — Le port militaire. — Port-Louis. — L’île de Groix. — Eulalie.



LORIENT. STATUE DE L’ENSEIGNE BISSON.


À Port-Haliguen, je prends le bateau à vapeur qui fait le service de la poste pour Belle-Île-en-Mer. Ce n’est pas un bien beau bateau, et l’on a tout à fait l’impression que l’on ne tiendrait pas très longtemps la haute mer, par un gros temps, sur ces planches qui paraissent mal jointes. Peut-être cette idée vient-elle aussi parce que le ménage ne paraît pas « bien fait ». Je ne parle que pour cette année-là, bien entendu, et tout est peut-être maintenant astiqué, reluisant, doré. Mais je revenais alors de Jersey et Guernesey, et j’avais le souvenir des bateaux anglais si parfaitement tenus, qui me faisait paraître mon bateau français avec une piteuse mine. La traversée, toutefois, fut excellente, mais aussi le temps était extraordinairement calme. Une après-midi de chaleur sur la mer. La torpeur du ciel et de l’eau, du même bleu pénétré de toutes les influences de la lumière. L’Océan plus uni, plus tranquille que la Seine, et c’est l’idée d’un lac immobile qui est suggérée par cette mer du mois d’août. C’est une ardente symphonie de couleurs embrasées, que le vapeur est seul à troubler par sa fumée épaisse, c’est un murmure délicieux de l’eau, presque le silence, s’il n’y avait le halètement de la machine et les cris aigus des mouettes.

  1. Suite. Voyez pages 409, 421 et 433. — Les photographies qui ont servi aux illustrations sont de M. Paul Gruyer.