Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 10.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IL N’EST PAS DE PLUS TERRIBLE DÉCOR POUR LA MÉLANCOLIE HUMAINE QUE LA LANDE DE LANVAUX…


LA BRETAGNE DU SUD[1]

PAR M. GUSTAVE GEFFROY.


I. — Le Pays de Nantes (suite).


Le Sillon de Bretagne. — Savenay vaincu par Saint-Nazaire. — Le souvenir de la bataille de 1793. — Paisible aspect et sommeil d’aujourd’hui. — La distraction du soir. — Redon la nuit. — Le port sur la Vilaine. — Ce que disent les vieilles maisons. — L’abbé Jean de Tréal. — Le commerce de Redon.


UNE PETITE FILLE DE ROCHEFORT-EN-TERRE.


Ce que l’on nomme le Sillon de Bretagne est une ligne formée par deux chaînes de collines boisées qui, de Nantes, suivent la direction du nord-ouest et viennent s’affaisser dans le voisinage de Pontchâteau, sur la rive droite du Brivet. Entre ces hauteurs, on a tracé la route de Vannes, tandis que la ligne du chemin de fer a été construite au sud, au pied du coteau, au-dessus des prairies marécageuses qui s’étendent jusqu’à la Loire. Avant de parvenir à Savenay, on passe à côté d’un marais qui est le commencement de ces brières que l’on rencontre à chaque instant dans la région.

Savenay, qui fut une sous-préfecture, n’est plus, depuis 1868, qu’un simple chef-lieu de canton, dépossédé de son premier titre par Saint-Nazaire. Ses foires de bestiaux n’ont, toutefois, rien perdu de leur importance, dit-on.

Le souvenir des guerres de Vendée plane au-dessus de la ville : c’est là que le 23 décembre 1793, Kléber et Marceau infligèrent aux rebelles une sanglante défaite. La plaine fut couverte de cadavres, exhumés en 1816, transportés au cimetière, honorés en 1825 d’un monument démoli en 1830. C’est ce passé historique qui m’arrête à Savenay. Le tumulte sanglant d’autrefois me fait désirer connaître le calme d’aujourd’hui. Je monte donc vers la ville, au crépuscule, par la belle promenade où la vallée m’apparaît déjà bleuie d’ombre. J’entre dans la grande rue à l’heure des chauves-souris. J’y trouve encore

  1. Suite. Voyez page 409.