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ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE, DU 25 JANVIER 1903, À 5 HEURES DU SOIR. DES TOURISTES AMÉRICAINS, VENUS EN EXCURSION, SONT SERVIS À SOUHAIT. — D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE DE M. WILSON.


AUX PAYS DÉVASTÉS : LA MARTINIQUE ET SAINT-VINCENT

PAR M. G. VERSCHUUR.


En compagnie de M. Lacroix. — Spectacle de désolation et de mort. — Ce que fut Saint-Pierre. — Rapide historique du cataclysme. — Les prédécesseurs de la mission française. — Le Prêcheur. — Le Carbet. — La Basse-Pointe. — Ajoupa-Bouillon. — Le Morne-Rouge. — Les gendarmes. — Comment on a réparti les secours. — La tâche du gouverneur, M. Lemaire.


MULÂTRESSE DE FORT-DE-FRANCE. DESSIN DE MIGNON.


Le Tour du Monde a publié dans son numéro du 23 août 1902, d’après les rapports parvenus jusqu’à cette date, la relation de l’épouvantable catastrophe qui a détruit une partie de la Martinique. Depuis, d’autres éruptions se sont produites, répandant la dévastation et la mort, et, à l’heure qu’il est, on est toujours à se demander quand l’irascible mont Pelé aura dit son dernier mot.

Connaissant bien la Martinique grâce à trois voyages antérieurs, et principalement Saint-Pierre et ses environs, j’éprouvais le désir d’aller me rendre compte sur place de l’étendue du cataclysme dont, à part la terrible éruption de Krakatau, dans le détroit de la Sonde, en 1883, l’histoire de l’humanité ne compte pas d’exemple ; je visiterais en même temps l’île de Saint-Vincent, ravagée comme sa voisine par la force de son volcan. Je m’embarquai sur un paquebot de la voie anglaise, qui part de Southampton, et, après avoir transbordé à la Trinidad sur un bateau annexe de la même compagnie, j’arrivai à Fort-de-France dans la matinée du 7 janvier dernier.

Ma première visite est pour M. le gouverneur, au bienveillant accueil duquel je suis recommandé par M. le ministre des Colonies.

M. le gouverneur Lemaire me présente à M. Lacroix, chef de la mission scientifique envoyée dans l’île pour l’étude du volcan, et j’obtiens la permission d’accompagner l’éminent savant dans les explorations qu’il fait de la région dévastée, M. Lacroix a à sa disposition un navire de l’État, l’aviso le Jouffroy, en station à Fort-de-France ; l’aimable commandant, le lieutenant de vaisseau Dieulafé, m’accorde gracieusement l’hospitalité de son bord.