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LES APPONTEMENTS DE COLON {PAGE 2). — DESSIN DE BUUDIFR.

L’ISTHME DE PANAMA ET LE CANAL INTEROCÉANIQUE" PAR M. RAYMOND BEL.

Colon et Le chemin de fer de Panama. — Panama. — La Sociélé nouvelle du Canal et l’état présent des travaux.


J’ viens d’avoir la bonne fortune, pendant un séjour de quelques semaines à Panama, de parcourir les chantiers en activité du Canal interocéanique, de circuler en barque à mon gré sur la partie achevée, navigable pour de grands navires, de descendre dans la tranchée formidable de la Culebra, de suivre le tracé du canal aux endroits où 1l est à peine dessiné ; ma surprise a été tellement grande, l’impression que j’en ai ressentie si vive, que je serais heureux si je pouvais les rendre assez fidèlement sinon, pour les faire partager complètement, du moins pour éveiller l’intérêt. _

Il m’a été donné de voir l’œuvre accomplie, de mesurer l’effort restant à faire, d’entrevoir sur place l’importance colossale de cette voie navigable. Et tout ce qui existe sur place, tout ce qui se fait, tout ce qui reste à faire encore est si différent, si éloigné de ce que l’on s’imaginait généralement en France, que je pense accomplir un devoir de conscience en dépeignant ce que j’ai vu.

Présenté en touriste et en ami au haut personnel directeur de la Société nouvelle du Canal de Panama, j’aitrouvé auprès de ces messieurs

— ie l’accueil le plus aimable, un empressement gracieux, une courtoisie

parfaite ; j’ai vu là de vrais Français dévoués à leur œuvre, animés de la

UN EXCAVATEUR. — DESSIN DE GOTORBE. foi en leurs travaux, pleins de l’espérance d’apporter à leur patrie le seul

baume capable de lui faire oublier et son échec moral et la perte de

tant de millions, en lui donnant le profit et la gloire du percement de l’Isthme américain. Qu’ils reçoivent 1ei l’expression de mes remerciements et de ma gratitude. |

En débarquant à Colon j’avais, comme l’immense majorité des Français, la conviction que j’allais assister au spectacle navrant qu’offrent les ruines d’une œuvre abandonnée ; je m’atiendais à voir ce qui fut une partie du canal transformé en un immense fossé encombré d’arbustes, de vase, de talus éboulés, à moitié comblé, disparaissant sous les racines des palétuviers ; je cherchais dans la plaine marécageuse les locomotives, les machines à creuser, les dragues, renversées, recouvertes de lianes, gisant mutilées, dévorées lentement, pour ainsi dire, par cette terre qu’elles devaient entailler formidablement ; de loin je regardais la




1. Voyage exécuté en juin 1901. — Texte inédit. — Illustrations d’après des photographies envoyées par l’auteur.

TOME VLII, NOUVELLE SÉRIE, — {’* LI. N°i. — 4 Janvier 1902.