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ROSCOFF. LA TOURELLE DE MARIE STUART.

caractéristique avec ses boutiques éclairées de deux côtés, par la Grand’Rue et par le lavoir : ainsi la lumière joue en doux et magnifique clair-obscur dans ces salles basses, sur ces longs comptoirs de chêne. Ce sont des marchands de draps, de lainages, qui occupent ces magasins, et je n’ai pas plongé une fois le regard dans les ténèbres et les rayonnements de ces logis du Moyen Âge, sans songer au marchand qui aune le drap dans la farce de Maître Pathelin.

Toute la partie de Morlaix massée au pied du viaduc, du côté de Tréguier, se groupe autour de Saint-Melaine, ancien prieuré fondé en 1150, par Guyomarc’h, comte de Léon, et transformé en église en 1489. L’église de Saint-Melaine est juchée au haut d’escaliers, mais elle a beau faire, sa flèche ne dépasse pas la haute plate-forme du viaduc. L’un de ses portails est orné d’un écusson portant deux badelaires en sautoir, l’autre d’un trumeau creusé en bénitier. À l’intérieur, des figures de moines grotesques taillées dans les poutres, un buffet d’orgue en chêne sculpté, un baldaquin octogonal entourant la cuve baptismale, des statues de bois de saint Avertin, de sainte Anne, d’un manant qui porte un saint. La partie sud de Morlaix se groupe autour de Saint-Mathieu, curieux et pesant édifice, chargé d’une tour épaisse, entouré d’une sorte de cour pavée de pierres tombales dans un angle. À l’intérieur, un buffet d’orgue, une verrière, un bas-relief d’albâtre où le Père Éternel porte sur ses genoux son fils crucifié. L’église Saint-Martin n’est pas dans Morlaix, elle dessert un faubourg de Morlaix, sur la hauteur, en face de la gare : elle a surtout l’intérêt d’une terrasse à son chevet, d’où l’on a vue sur la campagne et sur la ville, sur les combots, ou jardins minuscules en gradins, abondants en arbres fruitiers et en légumes.

Après les églises, le Musée. C’est une bonne occasion de visiter un musée de province. Celui-ci est composé, comme les autres, de collections de tableaux, dessins, gravures, statues, et aussi de collections de papillons, d’oiseaux, d’œufs d’oiseaux, de minéraux, d’hémiptères, d’hyménoptères, de diptères, d’orthoptères, de névroptères, de coléoptères, d’arachnides, de crustacés, de zoophytes, de coquillages, d’un herbier du Finistère, de pièces isolées : mammifères, ophidiens, sauriens, etc. Ce n’est nullement avec l’intention railleuse de trouver ces objets déplacés ici, que j’en fais l’énumération. Il me paraît au contraire très raisonnable, dans une ville qui n’a pas de bâtiments spéciaux, ni de collections suffisantes pour présenter l’ensemble des sciences, de tout réunir à l’art dans les salles de son musée. Les origines du musée de Morlaix sont en effet ainsi racontées par le conservateur, M. Edmond Puyo, dans la notice du catalogue : « L’ancienne église des Jacobins, dont l’usage avait été abandonné à la Guerre pour le service de la remonte qui tenait un dépôt à Morlaix, fut restituée à la ville après la translation du dépôt à Guingamp. La municipalité en profita