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bénéfices tels que le chapitre entend prélever une dîme sur « les choux et autres légumes ». C’est à Saint-Brieuc qu’on trouve pour la première fois, en 1697, un maire appointé : il reçoit « des gages » s’élevant à 202 livres. On signale, dans la nuit du 29 au 30 décembre 1705, une tempête qui saccage la campagne et abîme la ville. Il n’est pas possible de connaître au juste les motifs qui, en 1720, font allouer à Jacques Conery, médecin, une pension de 300 livres, à charge pour lui de se fixer à Saint-Brieuc. Les trois ponts qui desservent les deux rives de la ville sont emportés, le 19 août 1773, par une crue d’eau subite. En 1787, un fourgon chargé de poudre éclate et manque de faire sauter un quartier. L’année suivante a lieu, sur la place Saint-Pierre, l’exécution d’un parricide, que l’on avait préalablement amputé du poignet droit, sur la place Martroy. Il faut ajouter qu’un an après, les instruments de torture sont brûlés publiquement sur la place Saint-Pierre. En 1791, un boucher nommé Counen, paie 900 livres le droit de vendre de la viande pendant le carême. En 1794, un décret transforme la cathédrale en temple de la Raison.

L’ÉGLISE NOTRE-DAME À LAMBALLE.

Actuellement, Saint-Brieuc coffre l’aspect, tantôt clair, tantôt encombré, d’un amas de maisons, anciennes et nouvelles, irrégulièrement bâties le long de rues sinueuses, tortueuses, escarpées. C’est l’habitation bourgeoise, c’est la maison de l’artisan, et vers le bas de la ville, la masure du pêcheur. Le centre de la ville est un dédale de rues tournantes par lesquelles, si l’on ne songe à s’orienter, on revient toujours au même point. Des gens qui se tournaient le dos peuvent se rencontrer nez à nez s’ils déambulent distraitement autour de l’Hôtel de Ville. Les avenues et les boulevards, de tracé récent, sont au contraire droits et larges. L’Hôtel de Ville occupe l’ancien hôtel Trégomar. Il abrite le musée surtout fait de souvenirs du pays. Le vrai charme de Saint-Brieuc, c’est sa baie, blanche et profonde, son Légué escarpé où les anciens remparts sont devenus des quais. Je me souviens d’avoir erré par cette étendue qui ressemble à la baie du Mont Saint-Michel, par le sol de tangue friable, par les lacis de l’eau qui court, par la brume légère qui ouate les lointains. Le bassin, dont le creusement a été entrepris en 1786, est bordé par deux lignes de rochers nus. L’un des quais est garni de maisons adossées à ces rochers. Et cela constitue un port important, le plus important du département, avec les deux bassins qu’il dessert, l’un réservé aux constructions, l’autre, d’une superficie d’un hectare et demi, pourvu d’une écluse qui peut être utilisée à marée basse. Le canal a une longueur de 900 mètres. On arme ici pour la pêche de Terre-Neuve et d’Islande.

Pour rentrer en ville, on peut prendre la rue du Port, après avoir traversé le boulevard du Nord, et se rendre presque directement à la Cathédrale par la rue Houvenagle. Église lourde et expressive, ancienne dans sa masse, commencée au xe siècle, avec des ajoutés de tous les temps jusqu’au xviiie siècle, la cathédrale de Saint-Brieuc a un premier aspect sauvage et démantelé d’une forteresse qui aurait vu la guerre. L’intérieur est plus cossu avec son buffet d’orgue Renaissance, son maître-autel, son retable, son bénitier en granit dans un