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LE CIRQUE DE SAINT-GUILHEM (PAGE 526). — PHOTOGRAPHIE DE L’AUTEUR.


SAINT-GUILHEM-LE-DÉSERT[1]

PAR M. PAUL GRUYER.


COSTUME DE VEUVE.
DESSIN DE MIGNON.


Saint-Guilhem-le-Désert ! un nom étrange, un pays plus étrange encore. Un pays romantique à la fois, et africain, comme son nom ; un désert, non pas de sable, mais de pierre, de marmoréenne pierre blanche, éblouissante sous du ciel bleu sombre ; une rivière glauque entre des rocs pâles, déchiquetés, qui semblent des ossements ; des oliviers aux feuilles d’argent, des grenadiers aux fleurs de pourpre ; de fantastiques montagnes aux droites falaises, avec des à-pic de deux ou trois cents mètres ; un village aux maisons voûtées et aux toits plats. Et, tout d’abord, nous sommes en France. Terre merveilleuse en vérité que cette terre de France, réunissant en elle tant de climats et tant d’aspects : prairies de Normandie, noirs volcans éteints de l’Auvergne, dunes de sable de la mer du Nord, glaciers de la Savoie, brumes grises de l’Armorique, et pierres torrides de Saint-Guilhem-le-Désert, qui, de tous ces aspects divers, nous donne sans contredit un des plus étonnants et des plus curieux. Des rives plates de la Méditerranée, où de Narbonne à Aigues-Mortes grouillent les moustiques sur un chapelet d’étangs, une large plaine d’alluvions, fertile, baignée de soleil, et que la vigne emplit à perte de vue d’un océan de verdure, monte lentement vers une ligne de montagnes blafardes qui se profilent au loin, fermant l’horizon. Dans cette plaine coule, majestueuse et large, baignant Pézenas, la rivière Hérault (on écrivait autrefois Erau ; singulier exemple d’un mot dont l’orthographe, au lieu de se simplifier, s’est compliquée au contraire).

  1. Voyage exécuté en 1897. — Texte inédit. — Dessins d’après des photographies exécutées par l’auteur.