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314 LE TOUR DU MONDE.

naissance avec les monuments de Part, je prends le part de me transporter tout d’abord au cœur de Ja Franconie, à Nuremberg.

Je ne m’arrêterai pas 161 à décrire le trajet compris entre Gologne et Nuremberg : c’est allure à une relation de voyage distincte. La seule observation que je voulle retenir, c’est que, la frontière à peine passée, le sens de la vision change comme par enchantement :; nos voisins cherchent d’autres associations de couleurs que nous, plus crucs où plus Lernes. Prenez les uniformes militaires, qui sont aussi, à mon avis, une branche de l’esthétique : quelle cacophonie que ces collets jaune clair cousus sur des capotes bleu clair ! Mème différence dans le costume civil. Prassiens, Souabes, Bavarois, n’ont évidemment pas sur la toilette les mêmes idées que les races latines. Nulle part ailleurs le romantisme n’a conservé autant de seelateurs ? J’en trouve la preuve dans ce besoin de s’affranchir du joug de la mode. Notre chapeau à haute forme est antipathique aux Allemands, et, en cela, je ne saurais les blämer ; ils n’en usent qne dans les occasions où l’étiquette leur interdit de s’en passer. Ce qu’ils affeclionnent, c’est le feutre mou (les femmes mêmes en raffolent), qu’ils agrémentent d’une plume à la iyrolienne :; ce sont les vêtements amples et souples, tels que la vareuse, le veslon à pattes ; Ta blouse russe aussi fait fureur. À Phôtel où je descends, les dames se montrent en négligé, et dans quel négligé ! Elles ne se contentent pas seulement des vêtements les plus modestes, des éloffes Les plus communes : elles adoptent les formes les plus lâches, les plus disgracieuses ; certaines robes ressemblent à des sacs. Seules les nuances, moroses au possible, sont à la Lanteur de la coupe ! Pour le quart d’heure, loutes les variétés et jusqu’aux nuances les moins alravantes du gris el du bran imomphent : lhoruble beige s’étale au grand Jour. |

Ne quillons pas Le chapitre du eostume sans jeter un coup d’œil sur les uniformes mulilaires. L’armée bavaroise, dont je rencontre des détlachements chemin faisant, à obtenu la faveur de garder son accoutrement traditionnel, à l’exceplion du casque à ehenille qui a été remplacé par le casque prussien, le casrçue dont Heine comparait 1rrévérencieusement Ja pointe à un paratonnerre. Gelle armée, quoique composée d’hommes grands et gros, à quelque chose de plus mou que l’armée prassienne ; les officiers surlout n’ont pas la tenue irréprochable de leurs collègues du Nord. Cependant j’ai vu défiler en colonne serrée un régiment d’infanterie, avec son unilorme bleu de ciel : il avait une excellente tournure. Les mancouvres de nos plas belles troupes n’approchent pas de celle précision mathématique, de ces conversions savantes 2 1l semble que rien ne puisse tenir devant une masse pareille, aussi souple que compacte, Te n’en dirai pas autant de la musique militaire : elle est devenue alfreuse : un lambour grêle, assourdi, eUun fifre pleurard :estal rien de moins propre à accentuer la marche, n1 de moins marUal !

Le costume des employés de chemin de fer ne diffère que peu de l’uniforme : if en a la raideur, parfois aussi la richesse. Particulièrement coquet est celui des éhefs de train : ils portent une tunique bleue à boutons d’argent et, par-dessus, une giberne et une bandoullère rouges, sur lesquelles se détache en relief le on bavarois.

De nombreuses nuances séparent d’ailleurs les uns des autres les représentants de cetle armée en mininture !

ici un chef de gare, tout frais sorli du régiment, prononce d’un ton bref et sec le mot ab/ahren (par-

_ Ur ; remarquez linfinilil

EL | | employé à la place de l’im-

péraüf) ; ailleurs, des re-

présentants de l’ancienne

générallon se servent du

terme fertig (prêt). Ge qui

leur est commun à lous,

c’est Ja tournure militaire ;

sanglés dans leur tunique

à deux rangées de boutons,

qui dessinent un triangle,

graves, saluant tout d’une

pièce, comme des auloma-

Les, ils conservent jusque

dans les carrières civiles

le souvenir de Fobéissanec

passive.

Pour compléter nos

observations sur la gamme

des couleurs en faveur chez




noS VOISINS, eXamiInons Je

parti puis de coloration

| LA PEGNICEZ I CÔTÉ DES REMPATTS, , ; “

DESSIN DE TAYLOR (PIOTOGRAPHIE RÔMLER ET JONAS, À DRESDE). adoplé pour la décoration