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2 | LE TOUR DU MONDE.

_ | | lu brise aussi loin que

ces appendices rudimen-

aires sont humides.

pour relomber aussitôt

. LE 34

S | qu’ils cessent de l’être.

| Cet infortuné animal,

ni OiSCau nl Poisson, OÙ

Le : PSS | cs mieux tous les deux à

la fois, à de terribles


ennemis, friands de sa

délicate personne ; les

requins el les ectacés

le chassent du sein de

l’onde, et sitôt qu’il s’é-

chappe de son humide



se | demeure, pensant trouver

RTS dans les airs le salut.

|. Dons Le EH ot impitoyable oiseau s’en

J FT Te ee one AT empare ; sans compicr

PREMIER ASPECT HE LA TERRE AUSTRALE, — GRAVURE DE BERG. le chat du bord qui SV

connail, en fin gonrmet

qu’il est : il ne bouge pas du pont, sur lequel souvent il en tombe poussés par le vent, et s’en emparc gloutonnemernt,

Un navire ! Un navire ! ce mot vole sur toutes les bouches. Ghacun quitte sa chaise, son livre, s’approche des bastingages, dévore l’horizon des veux. On ne dislingue rien encore... Enfin, très près de nous, apparaît, vision véritablement féerique, enveloppé dans un arc-en-ciel (immense, gloriense auréole), au milieu d’un grain fut de pluie et de brume, un grand vaisseau, un quatre-mâts, sautant, bondissant sur la vague. Sa puissante étrave fend l’écume blanche, son avant disparaît comme s’il allait s’engloutir, mais réapparaît toujours. Tel est ce bateau de neuf mille tonnes, léger bouchon, véritable jouet pour ces flots agités. IL arrive rapidement. La fumée, coupée an ras de ses deux grosses cheminées, est violemment Jrojetée par ces rafales impétueuses sur la surface de l’eau, faisant une sombre traînée, un noir panache. Quel est-11 ?... A quelle nation appartiental ? Il approche toujours ! Il est maintenant à notre hauteur ; nous pouvons neltement distinguer sa mâture. Mais quelque chose se détache à l’arrière, s’élève lentement dans les airs. C’est le pavillon, qui trois fois monte, trois fois descend. Tous nous saluons les couleurs nationales : leur soudaine apparition victorieuse au milieu de l’orage, si loin de la patrie, fait battre nos cœurs... Et peu à peu la grandiose vision passe... s’éloigne.… se replonge dans la brume... s’efface. |

Nous voilà de nouveau seuls sur les flots, Seuls ? non, les albatros nos amis nous suivent tonjours : leur nombre à mème singulièrement augmenté. Sans doute ceux qui accompagnaient le vaisseau « fantôme », pensant qu’ils Int avaient fait une conduite suffisamment longue, se sont joints au nôtre. Le timonicr Santucci, chargé du soin, de l’entretien du pont, me les nomme : il les connaît de longue date, ce vieux loup de mer, habitué à la navigation à la voile et que la vapeur pe laisse pas d’étonner encore, depuis le temps. Il les connaît tous, ces albatros, pour les avoir vus maintes fois aux environs du Gap. où ils foisonnent. € Voilà, me dit-il, l’amiral ; vous le distinguez aisément, monsieur le peintre, à ses trois étoiles sur Jes manches, comme nous disons, nous autres matelots ; et cet énorme blane, R tout près de nous, qui à les beaux grands veux noirs de fa gazelle, c’est le mouton du Cap, ainsi nominé à cause de sa taille et de sa blancheur. » Et le vieux brave homme ajoutait : « Ah ! si nous étions seulement à bord de la Marie-Thérèse, je ferais de leurs pattes deux blagues à tabac : mais sur ces damnés paquehots qui marchent si vite, pas moyen de tendre Ja « ligne », et il s’en allait en jetant un coup d’œil oblique sur ces pauvres olSeaux, qui eux, sans doute, ne sc plaignaient pas de notre course rapide. La nuit tombe vite. Aujourd’hui nous avons fait 583 Kilomñtres, c’est une très bonne marche ; poussés comme nous le sommes par ce vent de sud-ouest, nous devrons apercevoir les côtes dans deux jours, vèrs midi. |

5 août. — Le premier aspect de Ja terre australe frappe par sa teinte triste et pâle. Plus de montagnes couvertes de ces adnnirables végétaux si verts, si variés, de la zone équatoriale que nous venions de quitter. Pas de ces élégants, majestueux cocotiers, aux longues palmes flexibles, aneun de ces aranéens bambous à la tige svelte et droite, de ces manguiers aux fruits savoureux, de ces flambovants aux fleurs de flamme, ni d’arbres à pain, de frangipaniers, de cœurs-de-bœuf...…. mais seulement des coteaux dénudés aux herbes jaunes, desséchées, tachés çù et là d’arbustes maigres et rampants. Quelques araucarias dressent Jeurs bras malingres. qui les font ressembler de loin à des chandeliers géants,