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APPLICATION DES PRINCIPES PRÉCÉDENTS.
ÉMISSION D’UNE NOTE ISOLÉE.
LE POUCE.

Pour rendre la main molle, presque désarticulée et sans volonté, on rapprochera les cinq doigts les uns des autres ; puis, laissant le pouce immobile, on lui fera faire l’attaque de la note par le seul poids de la main, en appuyant sur la touche toute la dernière phalange (y compris l’articulation).

Ayant préalablement levé la main (Fig. I) on commencera l’attaque au milieu de la touche (Fig. II) ; on la terminera au bord de la touche à l’aide d’un glissé, qui, se prolongeant pendant toute la durée de la note, rappelle le mouvement de l’archet sur une corde (Fig. III).

L’élasticité nécessaire au beau toucher se trouverait détruite si, en enfonçant la touche, le doigt faisait le moindre arrêt ; le glissé se fera toujours TRÈS LENTEMENT afin qu’il n’y ait AUCUN ARRÊT sur la touche, ni au début ni à la fin de l’attaque.

LES SOUPIRS.

De même que la durée de la note exige un mouvement continu du doigt sur la touche, de même la durée de la pause exigera un mouvement continu de la main au dessus de la touche.

En la soulevant avec souplesse, on ramènera la main du bord vers le milieu de la touche pendant la durée de la pause (Fig. IV), jouant en quelque sorte la pause, de manière à conduire chaque fois le doigt sur la touche au moment précis de l’attaque de la note suivante.

L’enseignement du toucher est non-seulement inséparable de la stricte observation des silences, mais on devra prêter aux pauses et aux soupirs la même attention qu’aux notes, en se conformant partout aux règles ci-dessus émises.

Non seulement aucun des exercices ne doit être joué fort, mais la souplesse étant au début incompatible avec la force, on s’appliquera à donner le moins de son possible dans la crainte que le moindre effort ne raidisse le doigt ou la main.

POUR L’ÉTUDE on s’asseoira tout au plus à 40 centimètres de hauteur.

Les enfants aussi prendront, dès qu’ils commenceront leurs études, l’habitude de s’asseoir bas, c’est à dire que le coude devra être sensiblement moins haut que la main. Les progrès rapides de leur mécanisme leur feront comprendre l’utilité de cette pose, un peu incommode, qui permet non seulement d’immobiliser le bras mais toute la partie supérieure du corps, qu’on inclinera légèrement en arrière.

En règle générale les exercices doivent être joués très lentement et en comptant strictement, à haute voix, tous les temps de la mesure. Uniquement lorsque la mesure sera d’une égalité impeccable on pourra, pour éviter la fatigue, se dispenser de compter haut.