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III


Et puis, où je le vois encor, c’est à Neuilly,
Dans son chalet bâti dans un coin de campagne.
C’est là qu’il vivait seul, comme un lion vieilli
Paresseux à quitter le haut de sa montagne ;
Là qu’il s’était adjoint l’étude pour compagne,
Et que tout jeune auteur était bien accueilli.


IV


Et moi, je m’en souviens, voilà bien des années,
J’allai, dans ce doux nid, aujourd’hui plein de deuil,
De mes premiers essais lui porter le recueil.
Ô soleil de printemps ! époques fortunées !
Beau jour ! Que de gaités s’en allaient égrenées
Des lèvres du causeur qui me reçut au seuil !


V


Nous parlâmes de l’art et de l’acteur Rouvière,
Des beaux soirs d’Hernani, du journalisme affreux,
Et combien en ces temps l’artiste est malheureux,
Esprit libre forcé de marcher dans l’ornière…
Sa conversation me revient tout entière,
Aujourd’hui que j’apprends son trépas douloureux.

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