Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Apparurent valsant leurs valses fantastiques ;
Puis leur reine Myrtha de son sceptre de fleurs
Frappa le pied d’un saule aux verdâtres pâleurs.
Et l’ombre de Giselle aussitôt de la terre
Jaillit. Elle portait une tristesse austère
Empreinte sur ses traits contractés et pâlis.
De légers voiles noirs, de leurs funèbres plis,
Enveloppaient son front baigné des lueurs blondes
Que la lune versait en abondantes ondes.
Dans ses yeux fraisés d’or une larme perla,
Grossit, brûlante, amère, et lentement roula
Sur l’urne que tenait sa main blanche et petite.
Le bronze au même instant se fendille, crépite.
Eclate, et de ses flancs une flamme bondit.
Le zénith empourpré rayonne, resplendit.
Et l’âme de Gautier, lumineuse et sereine.
Monte, et vole chercher sa couronne de reine
Dans les pays brillants où s’incarne le Beau !


Je m’éveillai, sans feu, sous le froid du tombeau.

FRÉDÉRIC DILLAYE.