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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

HULIN.

Ce qu’ils font ? — Ils parlent, ils parlent. Ah ! les sacrés bavards ! ils ne sont jamais embarrassés pour enfiler des phrases… Desmoulins fait des coq-à-l’âne, et bredouille des mots latins. Robespierre, lugubre, offre de s’immoler. Ils mettent tout en question : les lois, le contrat social, la raison, les origines du monde. L’un fait la guerre à Dieu, et l’autre à la Nature. Mais quand il s’agit d’aviser à la guerre réelle, de parer au danger, plus personne ! en fait de conseil, faire comme on fait à Paris, quand il pleut : laisser pleuvoir. — Au diable les phraseurs !

L’HOMME.

Il ne faut pas en dire du mal. C’est beau de bien parler. Mâtin ! il y a de ces mots qu’ils disent, qui vous remuent jusqu’au fond des tripes. Ça fait froid dans le dos. On pleurerait, on tuerait son père, on est fort comme le monde, on se croit le bon Dieu. — Seulement, chacun sa besogne ! Ils pensent pour nous. C’est à nous d’agir pour eux.

HULIN.

Et que diable veux-tu faire ? Regarde.

Il montre la Bastille.
L’HOMME.

Des lumières se promènent sur la tour de gauche. Ils ne dorment pas plus que nous, là-haut. Ils font la toilette de leurs canons.

HULIN.

Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse avec eux ? On ne peut pas résister.

L’HOMME.

Voire.

HULIN.

Qu’est-ce que tu dis ?

L’HOMME.

Je dis : Voire. Deux petits font un grand.