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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

HOCHE.

C’est le patron de notre ami Gonchon, le citoyen d’Orléans.

HULIN.

Je m’en vais lui casser la tête, ainsi qu’à ceux qui le portent.

HOCHE, souriant.

Non, non, laisse-le. Il faut toujours laisser se compromettre les gens.

HULIN.

Tu ne le connais donc pas ?

HOCHE.

Un Orléans ? Qui en connaît un, les connaît tous. Un gamin vicieux, qui s’accroche aux jupes de la Liberté, et tâche de fourrer sa main dessous. Il veut se faire gifler. Il le sera. Laisse-le faire.

HULIN.

Mais s’il veut escamoter la Liberté ?

HOCHE.

Cet avorton ? Qu’il prenne garde seulement qu’elle ne lui escamote la tête !

Gonchon et ses gens couvrent d’un crêpe le buste de d’Orléans, à l’imitation des porteurs de Necker. Un cortège s’organise avec un ordre bizarre et solennel. Silence imposant. — Tout à coup, la vieille marchande arrive en battant du tambour. Une clameur formidable s’élève.
LE PEUPLE.

En avant !

Le cortège s’ébranle. D’abord, la vieille au tambour. Puis le buste de Necker, que le crocheteur a posé sur sa tête. Il est entouré d’hommes du peuple avec des bâtons et des haches, — de jeunes élégants vêtus de soie rayée, parés de montres et de bijoux, et armés de gourdins ou d’épées, — de gardes françaises, le sabre nu, — de femmes, au premier rang desquelles vient la Contat, au bras de Desmoulins. — Puis, Gonchon, portant le buste du duc d’Orléans, entouré des marchands du Palais-Royal. — Puis