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LE 14 JUILLET

LE PEUPLE.

Une procession en l’honneur de Necker ! — Son portrait est ici, chez Curtius, dans le cabinet des figures de cire. — Promenons-le en triomphe ! — Le magasin est fermé ! — Enfonçons la boutique !

GONCHON, à ses gens.

Attention ! Profitons de l’occasion !

UN DES GENS DE GONCHON.

Monsieur Gonchon ! Ils dévalisent tout !

GONCHON.

Laisse-les faire, fais comme eux.

LE MARCHAND.

Mais ils vont entrer chez nous !

GONCHON.

Contre le tonnerre ne pète !

Il entre dans la boutique à la suite du peuple, et crie comme les autres. Le reste de la foule court de tous côtés ; et en quelques moments, on voit surgir partout des bâtons, des épées, des pistolets, des haches.
LE PEUPLE.

Du recueillement, camarades ! point de désordre ! — Holà, gamin ! à l’école ! On n’est pas ici pour rire ! — Il faut que ce soit solennel, lugubre ! Il faut apprendre aux tyrans la terreur sacrée de la nation.

Le buste de Necker sort de la boutique, porté triomphalement par le crocheteur athlétique, qui le serre contre sa poitrine. La foule se presse autour de lui.
LE PEUPLE.

Chapeaux bas ! Voici notre défenseur, notre père ! — Couvrez-le de crêpe ! La Patrie est en deuil !

Gonchon et ses gens sortent de la boutique, portant derrière les autres le buste du duc d’Orléans, et affectant les attitudes recueillies et exaltées des autres. Le peuple n’y prend pas garde.
HULIN.

Qu’est-ce que c’est que ça ?