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LE 14 JUILLET

MARAT.

Belle tâche pour un soldat ! Tu couds des habits ?

HOCHE.

Cela vaut toujours autant que d’en découdre.

MARAT.

Tu ne rougis pas de voler leur métier aux femmes ? Et voilà ce dont tu t’occupes ! Tu penses à ton commerce, tu supputes tes gains, tu amasses des écus, quand Paris va s’écrouler dans le sang !

HOCHE, tranquille et un peu dédaigneux.

C’est bon, nous avons le temps. Chaque chose en son lieu.

MARAT.

Ton cœur est froid. Ton pouls bat lentement. Tu n’es pas un patriote. — À Hulin. Quant à toi, tu es plus coupable qu’un méchant homme. Ta nature était saine, ton instinct te portait au bien, et c’est volontairement que tu les pervertis. — Ô Liberté ! voilà tes défenseurs ! Indifférents à tes dangers, ils ne feront rien pour les combattre… Eh bien, moi, moi, quand je resterais seul, je ne t’abandonnerai pas, je veillerai sur ce peuple. Je le sauverai, malgré lui.

Il sort.
HULIN le regarde partir, en riant sous cape.

Un joyeux compère ! Il voit le monde en rose. — C’est un médecin de mon pays. On sent qu’il a l’habitude d’expédier les gens. Son métier ne lui suffisait plus ; afin d’aller plus vite en besogne, il s’est mis en tête de soigner l’humanité.

HOCHE, suivant des yeux Marat, avec un mélange de pitié et d’intérêt.

Un honnête homme. Les souffrances du monde résonnent trop fort en lui ; elles troublent son jugement. Il est malade de vertu.

HULIN.

D’où le connais-tu ?