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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

MARAT.

Si tu ne me connais pas, tu me connaîtras bientôt, traître ! — Ô peuple crédule, peuple absurde, ouvre donc les yeux ! Sais-tu seulement où tu es ? Quoi ! C’est ici que tu te réunis pour préparer ta liberté ! Mais regarde, regarde ! C’est ici le repaire de tous les exploiteurs, de tous les désœuvrés, des banquiers escrocs, des voleurs, des prostituées, des mouchards déguisés, des suppôts de l’aristocratie !

Protestations et hurlements d’une partie de la foule, qui crie : À bas ! en montrant le poing.
DESMOULINS.

Bravo, Marat ! Bien touché !

LA CONTAT.

Qui est ce sale petit homme qui a de si beaux yeux ?

DESMOULINS.

Un médecin journaliste.

UNE AUTRE PARTIE DE LA FOULE.

Continuez ! Elle applaudit.

MARAT.

Que m’importent les clameurs de ces traîtres, ces complices de la famine et de la servitude ? Ils vous volent ce qui vous reste d’argent avec le jeu, de vigueur avec les filles, de bon sens avec l’eau-de-vie. — Idiots ! et vous venez vous mettre dans leurs mains, leur apporter vos secrets, vous livrer tout entiers ! Mais derrière chaque pilier, à chaque coin de café, à vos côtés, à votre table, un espion vous écoute, vous observe, note ce que vous dites, prépare votre perte. Fuyez cette sentine, vous qui voulez être libres ! Avant d’engager le suprême combat, commencez par faire le compte de vos forces. Où sont vos armes ? Vous n’en avez pas. Forgez des piques, fabriquez des fusils… Où sont vos amis ? Vous n’en avez pas. Votre voisin vous trompe. Celui qui vous donne la main, peut-être vous trahit. Vous-mêmes, êtes-vous sûrs de vous-mêmes ? Vous êtes en guerre