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LE 14 JUILLET

notre Necker, vendre la Lorraine à l’Empereur pour avoir de l’argent et pour payer leurs troupes, bombarder Paris, écraser le peuple. Le complot est pour cette nuit.

GONCHON.

Avez-vous entendu ? En avez-vous assez, ou vous en faut-il davantage encore pour vous secouer ? Merci de ma vie ! Est-ce que nous allons nous laisser égorger comme des cochons ? Ah ! nom de nom ! Ah ! nom de nom !… Aux armes ! — Heureusement que nous avons un protecteur tout prêt, et qu’il veille sur nous. Vive Orléans !

LES GENS DE GONCHON.

Vive Orléans !

LA FOULE.

Aux armes ! Marchons sur eux !

MARAT, surgissant sur une chaise ; petit, nerveux, agité, se dressant sur la pointe des pieds, quand il enfle la voix.

Arrêtez ! — Malheureux, où courez-vous ? Ne voyez-vous que les égorgeurs n’attendent qu’un soulèvement de Paris, pour y déchaîner leur rage ? N’écoutez pas ces perfides conseils. Ce sont des ruses scélérates pour consommer votre perte. — Oui, toi, toi, qui excites ce peuple, toi qui te prétends un patriote, qui me dit que tu n’es pas un agent du despotisme, chargé de provoquer les bons citoyens, et de les livrer aux hordes de Versailles ? Qui es-tu ? D’où sors-tu ? Qui répond de toi ? Je ne te connais pas, moi.

GONCHON.

Je ne te connais pas non plus.

MARAT.

Si tu ne me connais pas, c’est que tu es un scélérat. Je suis connu partout où est la misère et la vertu. Je passe mes nuits à soigner les malades, mes jours à veiller sur le peuple. Je me nomme Marat.

GONCHON.

Je ne te connais pas.