Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

s’avance, menaçant, avec ses marchands. C’est bon, C’est bon, ne me fais pas assommer par ta garde prétorienne. Tu veux un certificat de civisme ? Ô Janus Gonchon, je te l’accorde. Tu donnes du pain à tous les fripons de Paris, et tu prends celui des honnêtes gens, de sorte qu’ils n’ont plus qu’une envie : aller se battre. Audax et edax. Vive la Révolution !

GONCHON.

Je te pardonne, parce qu’on ne se bat pas en présence de l’ennemi… et parce que tu es un client. Mais je te donne rendez-vous tout à l’heure devant les Versaillais.

DESMOULINS.

Est-ce qu’ils viennent vraiment ?

GONCHON.

Ah ! tu pâlis déjà ? — Le combat se prépare. Les mercenaires de Lorraine et de Flandre sont dans la plaine de Grenelle ; l’artillerie à Saint-Denis ; la cavalerie allemande à l’École militaire. À Versailles, le maréchal, entouré d’aides de camp, lance des ordres de guerre. Ils attaqueront, cette nuit.

UNE FEMME.

Miséricorde ! Qu’allons-nous devenir ?

UN BOURGEOIS.

Les brigands ! Ils nous traitent comme si nous étions l’ennemi.

UN OUVRIER, à Gonchon.

D’où sais-tu cela ? La route de Versailles est coupée. Ils ont mis des canons au pont de Sèvres. Ils empêchent de passer.

GONCHON.

Des soupçons ? Je fais manger mon poing au premier qui doute de mon civisme. Est-ce qu’on ne connaît point Gonchon, ici ?