À qui veux-tu que je m’adresse ? Aux aristocrates[P 1] ? — J’ai demandé un Comité de clémence ; j’ai voulu que ce peuple jouît enfin de la liberté, qu’il semble n’avoir conquise que pour satisfaire les rancunes d’une poignée de scélérats. J’ai voulu que les bommes missent fin à leurs querelles, et que l’amour fit d’eux une grande famille fraternellement unie. Il paraît que de tels souhaits sont un crime. — Et moi, j’appelle un crime la furieuse politique qui avilit la nation, qui diffame le peuple, en lui faisant mettre la main dans le sang innocent, à la face de l’univers[P 2].
Ce n’est pas vous qui accusez, c’est vous qu’on accuse.
Eh bien, je m’accuse moi-même, si vous voulez, je m’accuse de n’avoir pas pensé toujours comme aujourd’hui. Trop longtemps, j’ai cru à la haine, la passion du combat m’a égaré, j’ai fait trop de mal moi-même ; j’ai attisé les vengeances ; la hache fut plus d’une fois aiguisée par mes écrits. Ici, des innocents furent conduits par ma parole : voilà mon crime, mon vrai crime, celui que je partage avec vous, celui que j’expie aujourd’hui !
De qui voulez-vous parler ?
De qui regrettes-tu la mort ?
Tais-toi, Desmoulins !
C’est un piège. Prends garde !
- LE PEUPLE.