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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

ROBESPIERRE.

Faites arrêter Danton. — Il signe.

Billaud signe fiévreusement.
SAINT-JUST.

À toi, Liberté ! — Il signe.

BILLAUD.

La Convention ne bronchera-t-elle pas ?

ROBESPIERRE, avec mépris.

La Convention sait toujours sacrifier ses membres au bonheur public.

VADIER, signe.

Je me charge de l’affaire.

ROBESPIERRE, soupire.

Le poids de la Révolution se fait plus lourd sur nos épaules.

VADIER, à part.

Le chat-tigre fait des façons, mais il se lèche les babines.

ROBESPIERRE.

Triste nécessité. Nous mutilons la République afin de la sauver.

SAINT-JUST, sombre et exalté.

Le philosophe Jésus a dit à ses disciples : « Si ta main te fait tomber dans le péché, coupe-la ; si ton pied te fait tomber dans le péché, tranche-le ; si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le : car il vaut mieux pour toi que tu entres au royaume de Dieu, n’ayant qu’un œil et le corps mutilé, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans la géhenne du feu. » — Et moi je dis : Si ton ami est corrompu et corrompt la République, retranche-le de la République ; si ton frère est corrompu et corrompt la République, retranche-le de la République. Et si le sang de la République, si ton propre sang coule par la blessure béante, laisse-le couler : que la République soit pure, ou qu’elle meure ! La République est la vertu. Où il y a souillure, la République n’est plus.