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PERSONNAGES


LAZARE HOCHE, 21 ans. — Grand, maigre ; les cheveux et les yeux noirs ; une légère cicatrice, du milieu du nez à l’extrémité du front, à droite ; la bouche point grande, et de belles dents. La gravité est le fond de sa physionomie réfléchie, un peu mélancolique, qui porte, comme tout son être, l’empreinte de la volonté. Une tristesse cachée, lointaine. (L’homme qui mourra jeune, usé par les fatigues, les insuccès, les soupçons, le mal qui mine sourdement sa poitrine athlétique.) Mais une jovialité héroïque prend le dessus, et, dans les moments de crise, rit d’un rire juvénile qui étonne.
PIERRE-AUGUSTIN HULIN, 31 ans. — Très grand, très large, blond, flegmatique, parlant peu, sans violence, riant silencieusement, indifférent aux raisons, tranquillement obstiné, avec de subits accès de fureur qui brisent tout. Un héros qui n’agirait pas, sans l’exemple de son ami Hoche, sans son instinct de brave homme, et sans le besoin de dépenser une force herculéenne. (L’homme qui, sans initiative personnelle, ne recule devant rien, et, sorti de rien, montera à tout, sans s’étonner, — plus tard comte de l’Empire, général de division, commandeur de la Légion d’honneur, gouverneur de Milan, de Vienne, de Berlin conquis, commandant de Paris, président de la commission militaire qui fera fusiller le duc d’Enghien.)
JEAN-PAUL MARA[T], 46 ans. D’origine espagnole, né en Suisse. — Très petit (moins de cinq pieds). Robuste, non corpulent. — Fabre d’Églantine a tracé de lui un admirable portrait : « Le cou fort, le visage large et osseux, le nez aquilin, épaté et même écrasé, avec le dessous proéminent et avancé ; la bouche moyenne, souvent crispée dans l’un des coins par une contraction fréquente ; les lèvres minces ; le front grand, les yeux gris-jaune, vifs, perçants, naturellement doux, et d’un regard assuré ; le sourcil rare ; le teint plombé et flétri ; le poil noir, les cheveux bruns et négligés… Il marchait la tête haute, droite et en arrière, avec une rapidité cadencée, qui s’ondulait sous un balancement de hanches. Son maintien le