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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

CAMILLE, empressé et légèrement ironique, va au devant de lui.

Ah ! cher Maximilien, tu arrives à propos. Voici une heure que tu présides, quoique absent, à nos entretiens.

DANTON, gêné.

Bonjour, Robespierre.

Indécis à lui tendre la main, il attend que son rival lui fasse les premières avances. Robespierre ne répond pas, serre froidement la main à Lucile et à Camille, salue brièvement de la tête Danton, et s’assied. Camille et Danton restent debout. Lucile, toujours en mouvement.
LUCILE.

Comme c’est aimable à toi de trouver le temps de nous faire visite, au milieu de tes occupations ! Mets-toi plus près du feu. Il fait dehors un brouillard qui glace l’âme. Comment vont tes chers hôtes, la citoyenne Duplay, et ma petite amie Éléonore ?

ROBESPIERRE.

Merci, Lucile. — Camille, je veux te parler.

LUCILE.

Désires-tu que je vous laisse seuls ?

ROBESPIERRE.

Non, pas toi.

CAMILLE, arrêtant Danton qui a fait un mouvement pour se retirer.

Danton est de moitié dans toutes nos pensées.

ROBESPIERRE.

Le bruit public le dit. J’hésitais à le croire.

DANTON.

Est-ce que cela te contrarie ?

ROBESPIERRE.

Peut-être.

DANTON.

Que veux-tu ? Il y a une chose que tu n’empêcheras jamais : c’est que Danton soit aimé.