glantée de leurs haines. J’y ai trop pris part moi-même, bien que mon cœur me rende cette justice que je n’ai jamais combattu un Français sans y avoir été contraint pour défendre ma vie, et que même dans les fureurs du combat, j’ai tout fait pour sauver mes ennemis abattus. Je n’irai pas maintenant, pour un intérêt personnel, engager une lutte avec le plus grand homme de la République, après moi. La forêt s’éclaircit autour de nous, je ne veux pas dépeupler la République. — Je connais Robespierre : je l’ai vu sortir de terre, grandir de jour en jour par sa ténacité, son labeur, sa foi dans ses idées ; et son ambition croissait à mesure, conquérant l’assemblée, s’imposant à la France. Un seul homme lui fait ombrage encore ; ma popularité contrebalance la sienne, et sa vanité maladive en saigne. Plusieurs fois, — je lui rends cette justice, — il a tenté d’imposer silence à ses instincts d’envie. Mais la fatalité des événements, sa jalousie plus forte que la raison, mes ennemis enragés qui l’excitent, tout nous mène à l’assaut. Quel qu’en soit le résultat, la République en sera ébranlée jusqu’en ses fondements. Eh bien ! c’est à moi de donner l’exemple du sacrifice. Que son ambition ne s’inquiète plus de la mienne ! J’ai bu largement de cette âpre boisson, et elle m’a fait la bouche amère. Que Robespierre achève la coupe, s’il veut ! Je me retire sous ma tente. Moins rancunier qu’Achille, j’attendrai patiemment qu’il me tende la main.
Si l’un de vous doit se sacrifier, pourquoi serait-ce toi, et non pas lui ?
Parce que j’en suis seul capable ; — Après un instant de silence — et parce que je suis le plus fort.
Cependant, tu détestes Robespierre.
La haine est insupportable à mon cœur. Je suis sans fiel,