L’épouvantail de cette Bastille, cette peau de lion, dont ils cachaient leur féroce lâcheté, — arrachée de leurs épaules !… Et voici paraître tout nu, grelottant et ridicule, le Roi, le Roi ennemi !
Échec au Roi ! Le Roi est vaincu !
Au Roi ! Au Roi ! — Voilà mon cheval ! Je l’ai pris. Je vas atteler l’animal à ma petite voiture ; et nous allons à Versailles faire visite au gros Louis, M. Capet l’aîné. J’en ai long à lui dire. Bon Dieu ! depuis des siècles que j’amasse là-dedans misère sur misère, et patience sur le tout, j’étouffe : il faut que je dégorge. Bonne bête qui me résignais, qui croyais nécessaire de souffrir pour le plaisir des riches ! Voilà que je comprends maintenant ! Je veux vivre, je veux vivre ! Malheur que je sois si vieille ! Bon sang ! Je veux regagner le temps que j’ai perdu ! — Hue ! ma belle, à la Cour !
À la Cour ! À Versailles ! Au Roi ! — Oui, nous avons trop souffert ! Nous voulons le bonheur ! Nous le prendrons !
Victoire ! nous t’avons conquise ! Mon cœur bondit de joie dans ma poitrine, j’ai brouté comme une chèvre la vigne de la liberté ; son ivresse baigne mes sens, et m’emporte. Qu’ai-je fait ? Je ne sais. Mais je sais que je suis