Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

luttes en silence ! Tant de siècles de souffrances pour arriver enfin à cette heure d’allégresse ! La Liberté t’appartient. Garde bien ta conquête !

DESMOULINS, au public.

Et maintenant, à vous ! Achevez notre ouvrage ! La Bastille est à bas : il reste d’autres Bastilles. À l’assaut ! À l’assaut des mensonges ! À l’assaut de la Nuit ! L’Esprit vaincra la Force. Le passé est brisé. La mort est morte !

HULIN, à Julie.

Ô notre Liberté, notre lumière, notre amour ! Que tu es petite encore ! Comme tu es fragile ! Pourras-tu résister aux tempêtes prochaines ? Grandis, grandis, chère petite plante, monte droite et vigoureuse, et réjouis le monde de ton souffle de prairie !

HOCHE, le sabre à la main, monte sur un gradin, au pied de la niche où se tient la petite Liberté.

Sois tranquille, Liberté, à l’abri de nos bras ! Nous te tenons. Malheur à qui te touche ! Tu es à nous, nous sommes à toi. À toi, ces dépouilles, ces trophées !

Les femmes jettent des fleurs à la Liberté. Les hommes inclinent devant elle leurs piques, leurs bannières, leurs rameaux verts, les trophées de la Bastille.

Mais ce n’est pas assez : nous te ferons un immortel triomphe. Fille du peuple de Paris, tes yeux clairs rayonneront pour les peuples asservis. Nous allons promener à travers l’univers le niveau redoutable de l’Égalité. Nous conduirons ton char, au milieu des batailles, par le sabre, par le canon, vers l’Amour, vers la Fraternité du genre humain. — Frères ! tous frères ! tous libres !… Allons délivrer le monde !

Épées, lances, branches d’arbres, mouchoirs, chapeaux et bras s’agitent, au milieu des acclamations et des sonneries de trompettes. Le peuple forme des rondes autour de la Liberté.