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LE 14 JUILLET

ront tous. Ces salauds de Suisses tirent dessus tant qu’ils peuvent. C’est malin de fusiller des gens sans défense, quand on est soi-même à l’abri, derrière de bonnes murailles !

UN INVALIDE.

Aussi, quelle idée ont-ils de venir nous attaquer ?

BÉQUART.

On ne sait plus ce qui se passe dans leurs cervelles. On n’y comprend rien : ce n’est plus de notre temps. Ils sont tous timbrés, surtout depuis un mois. — C’est égal, c’est malheureux de les maltraiter : c’est pas des mauvaises gens. Et c’est les nôtres.

UN INVALIDE.

Dame, c’est l’ordre. Tant pire ! Fallait pas qu’ils y aillent.

BÉQUART.

Évidemment. — Et puis ça fait tout de même plaisir d’entendre cette musique. Je ne croyais pas que je verrais encore une bataille.

DE FLUE, commandant des Suisses, arrivant de l’autre cour.

Monsieur le gouverneur, s’il vous plaît, faites brûler les maisons voisines. Des toits, leur tir peut plonger dans la cour du château.

DE LAUNEY.

Non, non, je ne puis brûler des propriétés particulières ; je n’en ai pas le droit.

DE FLUE.

Guerre sans feu, andouille sans moutarde. Vous êtes bien bon d’avoir ces scrupules. Quand on fait la guerre, il faut ne s’arrêter à rien, ou ne se mêler de rien.

DE LAUNEY.

Votre avis, monsieur de Vintimille ?

VINTIMILLE, haussant les épaules.

Oh ! cela est indifférent, faites comme vous voudrez.