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ACTE III


Mardi 14 juillet, l’après-midi.

La cour intérieure de la Bastille[1]. À gauche, la base de deux tours énormes, dont le sommet est invisible, et que relient entre elles d’épaisses murailles massives, qui se dressent comme une montagne de pierre. En face, la porte et le pont-levis donnant accès à la cour du Gouvernement. À droite, un bâtiment à un étage adossé aux murs des autres tours.

Au lever du rideau, l’invalide Béquart et ses camarades se tiennent dans la cour, avec trois canons. Vintimille, commandant des Invalides, est assis, l’air indifférent et ennuyé. À tout instant, des Suisses vont et viennent par le pont-levis, apportant des nouvelles du combat, qui se livre en ce moment, à l’autre porte de la cour du Gouvernement. Au dehors, fusillade, tambours, et cris de la foule. La fumée monte de temps en temps au-dessus des murailles.

DE LAUNEY, gouverneur de la Bastille, arrivant de l’autre cour, agité, nerveux.

Eh bien, monsieur de Vintimille, vous le voyez, ils attaquent, ils attaquent !

DE VINTIMILLE, assis, d’un ton las et un peu ironique.

Eh bien, monsieur de Launey, laissez-les attaquer. Que nous importe ? À moins qu’ils n’aient des ailes, comme messieurs Montgolfier, je les défie bien d’entrer.

LES INVALIDES, entre eux.

Parbleu !

BÉQUART.

Ah ! les pauvres diables ! on va les écraser. Ils y reste-

  1. La Bastille avait deux cours principales : la cour du Gouvernement, en dehors du grand fossé, séparée de la ville par un pont-levis et deux corps de garde ; — et la cour intérieure, au pied des murailles, entre les tours ; un fossé, un second pont-levis, et un troisième corps de garde la séparaient de la cour du Gouvernement.