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fers, que les prêtres consacrent avec quatre paroles, qu’ils prononcent secrètement dessus, et qu’ils ont soin de conserver précieusement leurs Dieux dans des boëtes, de peur que les rats et les souris ne les mangent avant eux, ou de peur que le vent ne les emporte, ne ririez-vous pas de leur simplicité, ou plutôt de la bêtise de ces pauvres ignorans-là, d’adorer ainsi des Dieux que des rats et des souris mangeroient et que le moindre vent seroit capable d’emporter, s’ils n’avoient soin de les conserver, comme je viens de dire ? Vous ne manqueriez certainement pas de rire, si vous ne sentiez déjà bien que la risée retomberoit sur vous, puisque vous êtes vous-même ce peuple qui croit si sotement adorer et manger son Dieu, en adorant el en mangeant pieusement et dévotement, comme vous faites, vos petites images de pâte, que vos prêtres vous font accroire être votre Dieu et votre divin Rédempteur.




XXXVII.


Il y a une étrange bizarrerie dans le Christianisme, car les peuples y font profession de manger dévotement leurs Dieux[1], et ils se mangent et se

  1. Et croïant manger mystérieusement leur Dieu, ils chantent : ô merveille ! ô res mirabilis ! manducal Dominum pauper servus et humilis.