Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux fers, qu’ils consacrent ensuite et qu’ils mangent tous les jours, quoiqu’ils les adorent véritablement comme leur Dieu et leur Sauveur.

Si la Divinité veut bien, comme nos Christicoles Romains le prétendent, se faire adorer dans le pain et dans le vin, ou comme ils disent, sous ces espèces ou aparences visibles du pain et du vin, pourquoi ne voudroit-elle pas bien aussi et pourquoi n’auroit-elle pas bien voulu aussi se mettre ou se faire adorer dans le bois et dans la pierre, dans le plâtre et dans le cuivre, dans l’or et dans l’argent, ou si on veut, sous les espèces ou aparences visibles de ces mêmes choses ou d’autres semblables ? Car il n’y a certainement pas plus d’impossibilité, ni plus d’indécence d’un côté que de l’autre. Nos Christicoles n’oseroient nier que leur Dieu Christ ne puisse aussi facilement changer le bois ou la pierre, ou l’or et l’argent en son corps et en son sang, comme ils prétendent qu’il y change le pain et le vin ; car s’ils nioient l’un, il y auroit autant de raison de nier l’autre, et ainsi, suivant leur principe, la possibilité de faire telle chose seroit égale dans l’un comme dans l’autre, c’est-à-dire, qu’elle seroit égale d’un côté comme de l’autre, et par conséquent la Divinité pouroit aussi véritablement se trouver dans les idoles de bois ou de pierre, d’or ou d’argent et de plâtre, si on veut, que dans les petites idoles ou images de pâte, que les Christicoles Romains adorent, et ainsi ils seront encore de ce côté-là à deux de jeu avec les Païens, et ils seront aussi bien fondés les uns que les autres dans leurs opinions, parcequ’il leur sera aussi facile aux uns