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ne voïent point, des oreilles et qui n’entendent point, qui ont des bouches et qui ne parlent point, qui ont des piés et qui ne marchent point, et qui ont des mains et qui ne peuvent rien faire, etc. Ils ont effectivement raison de se moquer de telles Divinités et de ceux qui les adorent. Mais pourquoi donc sont-ils si sots ou si fous eux-mêmes, que de faire la même chose et d’adorer eux-mêmes, comme ils font, de foibles petites idoles, ou images de pâte, qui sont en un sens moins que des idoles d’or ou d’argent : c’est pourquoi on pouroit fort bien à cette occasion apliquer à nos Christicoles Romains le reproche : que le chaudron noir faisoit à la marmite, lorsqu’ils se reprochoient leur noirceur et qu’ils se disoient l’un à l’autre : voe tibi, voe nigroe dicebat cacabus olloe ! Ils voïent, comme disoit Jésus-Christ, un fétu dans l’oeil de leur frère et de leurs compagnons, les Païens, et ils ne voïent pas une poutre qui leur crève l’oeil, c’est-à-dire, qu’ils voïent dans les Païens, leurs frères, la folie de leurs idolatries et ils ne voïent point dans eux-mêmes de plus grandes folies, de plus grandes idolatries et de plus grandes superstitions, que celles des Païens. Je ne dis pas ceci pour les idoles de bois et de pierre : ni pour les idoles de cuivre ou de plâtre, d’or ou d’argent auxquelles nos Christicoles Romains rendent extérieurement les mêmes honneurs, que les Païens rendoient à leurs fausses Divinités : car je sais bien, que ce n’est pas leur intention de les adorer comme des Divinités, ainsi que faisoient les Païens ; mais je parle principalement pour leurs petites idoles de pâte et de farine, qu’ils font cuire entre