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Toutes ces particularités-là et ces manières d’agir-là, ne conviennent certainement encore qu’à un fanatique. Un autre jour il se trouva tout d’un coup ému de joie dans son esprit et dit : je vous bénis, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudens et que vous les avez découvertes aux petits. Oui, mon père, disoit-il, en parlant tout seul c’est parce qu’il vous a plù ainsi ; puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit :[1] bienheureux sont les yeux, qui voïent ce que vous voïez, car je vous déclare, leur disoit-il, que plusieurs Prophètes et plusieurs Rois ont desiré de voir ce que vous voïez et ne l’ont point vu, et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. Voilà encore justement ce que diroient et ce que feroient des visionnaires et des fanatiques.

Lorsqu’il ressuscita le Lazare, ou qu’il fit semblant de le ressusciter, il fit le pleureur ; il frémit en son esprit et s’émeut, puis, s’étant aproché du sépulchre du prétendu mort, il frémit encore en lui-même, puis, levant les mains au ciel, il dit : mon Père je vous rends grâce de ceque vous m’avez écouté, alors il cria tout haut : Lazare, sortez dehors ! Toutes ces manières-là ne conviennent encore qu’à un fanatique.

Un jour, comme il alloit à Jerusalem, lorsqu’il aprocha de cette ville, et qu’il la vit, il se mit à pleurer sur elle, en disant : Ah ! si tu connoissais au moins en ce jour, qui seroit favorable pour toi, les choses qui se présentent pour te donner la paix ! mais non

  1. Luc. 10. 21, 23