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On fera encore facilement le même jugement de lui, si l’on examina de près ses actions et ses manières d’agir ; car 1o. courir par toute une Province dans les villes, bourgs et villages, comme il a fait, en prêchant, comme il faisoit, la venue prochaine d’un Roïaume imaginaire des cieux, cela n’apartient qu’à un fanatique, et on prendroit encore maintenant pour fanatique tout homme qui feroit la même chose. 2o. Avoir été, comme il est dit dans son Evangile, transporté par le Diable[1] sur une haute montagne, d’où il auroit cru voir tous les Roïaumes du monde, cela certainement ne peut convenir qu’à un visionnaire et à un fanatique ; car il est certain, qu’il n’y a point de montagne sur la terre, d’où on puisse seulement voir tout un Roïaume entier, si ce n’est peut-être le petit Roïaume d’Yvetot, qui est en notre France. Ce ne fut donc que par l’imagination, qu’il vit tous ces Roïaumes du monde, et ce ne fut aussi sans doute que par l’imagination, qu’il fut transporté sur cette montagne, aussi bien que sur le pinacle du temple, dont il est parlé dans les mêmes Evangiles. Or il n’apartient encore qu’à un fou, à un visionnaire et à un fanatique, d’avoir de telles visions et de tels transports d’imagination. 3o. Lorsqu’il guérit le sourd et muet, dont il est parlé dans S. Marc[2], il y est dit qu’il le tira en particulier, qu’il lui mit ses doigts dans les oreilles, et qu’aïant craché, il lui toucha la langue, puis, jettant les yeux au ciel, jetta un grand soupir et lui dit : Eppheta, qui signifie : ouvrez vous !

  1. Math. 4. 5, 8. Luc. 4. 5.
  2. Marc. 7. 32.